logo

Retraites : l'opposition et les syndicats dénoncent "le mépris" d'Emmanuel Macron

Le chef de l'État s'est exprimé pour la première fois mercredi depuis l'adoption de la réforme des retraites par 49.3. Il a affirmé vouloir une entrée en vigueur de la loi "d'ici la fin de l'année" et être prêt à "endosser l'impopularité" de la réforme des retraites. Des propos qui ont tout de suite provoqué l'ire de l'opposition et des syndicats.

Immédiatement après l'interview télévisée d'Emmanuel Macron, mercredi 22 mars, pendant laquelle il a justifié ses choix face à la controversée réforme des retraites, les critiques ont fusé de toute part du côté de l'opposition. 

Jean-Luc Mélenchon a dénoncé les "traditionnelles marques de mépris" du chef de l'État. "La foule est au peuple ce que le cri est à la voix", a déclaré le leader des Insoumis en référence à un propos du président sur la "foule" qui n'aurait "pas de légitimité face au peuple qui s'exprime à travers ses élus".

"Il vit en dehors de toute réalité", a ajouté l'ancien candidat à la présidentielle dans une conférence de presse à Toulouse, brocardant "l'arrogance" de parler de pénibilité "alors même qu'il vient de retirer des critères de pénibilité".

"On a une fois de plus entendu la comédie des gens qui ne feraient rien" au chômage, "une fois de plus les menaces contre les gens qui hélas vivent au RSA", a-t-il encore déploré.

"Le président n'est pas là pour jeter des barils sur le feu. Ce n'est jamais de sa faute. Les syndicats sont contre ? C'est parce qu'ils ne voulaient pas discuter. Les Français sont contre ? C'est parce qu'ils n'ont pas compris le génie présidentiel ? Les oppositions sont contre ? Elles sont incapables de faire des propositions. Il faut arrêter avec ça", a fustigé quant à lui Manuel Bompard, coordinateur de la France insoumise à l'Assemblée nationale. 

#Macron a donc choisi le passage en force plutôt que d’écouter l’immense majorité des français et l’ensemble des syndicats. Le bras de fer aura donc lieu dans la rue et dans la grève.

Déferlons par millions demain dans les rues de France !

— Manuel Bompard (@mbompard) March 22, 2023

"Emmanuel Macron est un tricheur et un menteur. Ils ont utilisé le 47-1 spécifiquement pour pouvoir utiliser le 49.3. Ils l'avaient en tête dès le début. Ils ont floué tout le monde", a embrayé Raquel Garrido, députée Insoumise.

Emmanuel Macron est un tricheur et un menteur. Ils ont utilisé le 47-1 spécifiquement pour pouvoir utiliser le 49.3. Ils l'avaient en tête dès le début. Ils ont floué tout le monde.

RDV demain dans les rues du pays tout entier. #Macron13h pic.twitter.com/LGueyaHiLK

— Raquel Garrido (@RaquelGarridoFr) March 22, 2023

"Plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé"

Pour sa part, le socialiste Olivier Faure a regretté qu'Emmanuel Macron ait "mis plus d'explosif sur un brasier déjà bien allumé". "C'est hallucinant, il est dans un déni absolu", a-t-il ajouté depuis l'Assemblée nationale.

Marine Tondelier s'est dite pour sa part sur Twitter "glacée par la démonstration d'autosatisfaction du président" qui, à ses yeux, a tenu des "propos offensants".

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a vu dans l'intervention du président "rien à même d'apaiser la colère légitime qui s'exprime contre la retraite à 64 ans". "Nous appelons au changement, au respect du monde du travail et de la démocratie sociale", a ajouté le communiste. "Nous, forces de gauche et écologistes, sommes prêts à gouverner".

"Comment ignorer à ce point les Français ?"

À droite aussi, les réactions se sont rapidement multipliées. Bruno Retailleau, patron des sénateurs Les Républicains a ainsi estimé que Macron avouait une "impuissance politique". "En contournant le Parlement dont il a peur parce qu'il y est minoritaire, le président de la République avoue son impuissance politique", a-t-il écrit sur Twitter. 

"Emmanuel Macron ne comprend pas. Il ne comprend pas les fractures immenses de la Nation. Il ne comprend pas que son autosatisfaction est une provocation de plus. Ne rien changer, attendre, bidouiller, c'est jouer avec le feu. Comment ignorer à ce point les Français ?", a de son côté fustigé le LR Aurélien Pradié. 

Le président des Républicains Eric Ciotti a estimé que les solutions proposées par Emmanuel Macron lors de son intervention télévisée mercredi n'étaient "pas à la hauteur de la crise politique et économique que nous vivons". 

"La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l'immigration de masse n'est plus une priorité pour le gouvernement" et "c'est une faute", a estimé dans un communiqué le député des Alpes-Maritimes en déplorant que le chef de l'État n'ait "pas su convaincre les Français" de la nécessité d'une réforme des retraites.

La seule vraie annonce de cette allocution est que le combat contre l’immigration de masse n’est plus une priorité pour le gouvernement.

C’est une faute.

Le projet de loi est enterré alors que jamais la situation n’a été aussi grave.

— Eric Ciotti (@ECiotti) March 22, 2023

Marine Le Pen, quant à elle, a estimé mercredi que le président Emmanuel Macron, "un homme de plus en plus seul", avait "conforté le mépris" des Français. La patronne des députés RN à l'Assemblée nationale a reproché au président d'avoir accordé cet entretien à 13 h et d'avoir ainsi "défié symboliquement la France qui travaille (et) confortant ainsi le sentiment de mépris". "Il dit qu'il respecte, mais il insulte. Tous les Français, tout le temps", a-t-elle ajouté, accusant notamment le président "d'anti-parlementarisme". 

"Déni et mensonge"

L'entretien présidentiel a aussi immédiatement fait bondir les organisations syndicales, qui préparent une 9e journée de grèves et de mobilisations jeudi.

"Du foutage de gueule et du mépris pour les millions de personnes qui manifestent", a cinglé le patron de la CGT, Philippe Martinez.

"Déni et mensonge", a fulminé Laurent Berger, alors qu'Emmanuel Macron venait d'affirmer que le patron de la CFDT avait proposé "d'augmenter les durées" de travail lors du dernier congrès de la centrale de Belleville.

Emmanuel Macron a affirmé que la réforme repoussant l'âge de départ à la retraite à 64 ans doit être appliquée "avant la fin de l'année", sur TF1 et France 2, acceptant "d'endosser l'impopularité" et campant sur sa ligne de fermeté face aux débordements dans la rue.

Avec AFP