
L'annulation d'un décret amnistiant Asif Ali Zardari et des ministres fragilise encore un peu plus le gouvernement. Bénéficiant toujours de son immunité présidentielle, le chef de l'État pourrait voir son entourage politique inquiéter par la justice.
AFP - La Cour suprême du Pakistan a annulé mercredi un décret de 2007 amnistiant Asif Ali Zardari, aujourd'hui président, ainsi que des ministres, ouvrant la voie à des poursuites pour corruption qui pourraient déstabiliser un gouvernement déjà très contesté.
M. Zardari reste certes pour l'heure protégé par son immunité présidentielle pour les cas de corruption le concernant directement. Mais l'invalidation de ce décret protégeant au total plus de 8.000 personnalités politiques et du monde des affaires va permettre de rouvrir des procédures judiciaires contre ses proches pour des affaires où son nom était cité.
En outre, des opposants avaient fait savoir qu'en cas d'invalidation de l'amnistie, ils intenteraient des recours contre l'immunité présidentielle en invoquant le fait que son élection était inconstitutionnelle. Selon eux, M. Zardari, qui a fait onze années de prison pour des accusations de détournements de fonds publics sans avoir jamais été condamné, était inéligible avant l'amnistie de 2007.
"L'ordonnance de réconciliation nationale (NRO) est déclarée nulle et non avenue, par conséquent toutes les mesures prises, les décisions prises par quelque autorité que ce soit, et toutes les relaxes et les acquittements prononcés sont considérés comme n'ayant jamais existé aux yeux de la loi", selon le jugement de la Cour suprême lu par son président, le juge Iftikhar Mohammad Chaudhry.
L'amnistie avait été décrétée en octobre 2007 par le président de l'époque, le général Pervez Musharraf, en perte de vitesse et qui souhaitait alors s'allier l'ex-Premier ministre Benazir Bhutto, l'épouse de M. Zardari, pour un partage du pouvoir après les élections législatives de 2008.