Au moins 43 personnes sont mortes dans les manifestations contre le pouvoir au Pérou depuis le mois de décembre, après le décès, mercredi, d'une femme dans le sud du pays. Les protestataires ont appelé à la grève jeudi et à un grand rassemblement dans la capitale, Lima.
Au moins une personne est décédée mercredi 18 janvier lors d'affrontements entre manifestants et policiers à Macusani, dans le sud du Pérou, alors que des centaines de protestataires venus des Andes se sont donné rendez-vous pour un grand rassemblement à Lima jeudi après-midi. Ce décès porte à 43 le nombre de morts depuis le début de la crise le 7 décembre.
"À 18 h 20 (23 h 20 GMT), une personne de sexe féminin de 35 ans environ, qui ne présentait pas de signes vitaux, est arrivée aux urgences", selon un communiqué de l'hôpital San Martin de Porres de Macusani, ville andine de la région de Puno, près de la frontière bolivienne. Le communiqué parle aussi d'un "pronostic (vital) réservé" pour un homme "de 30 ans" blessé au "thorax".
Selon les médias locaux qui ont diffusé des images, le commissariat de la ville a été brûlé lors de ces heurts. Les policiers du poste ont été secourus par hélicoptère, a rapporté la chaine de télévision Canal-N sans diffuser d'images.
"Prendre Lima"
Les groupes protestataires qui réclament le départ de la présidente Dina Boluarte et de nouvelles élections au Pérou ont appelé à une grève à travers le pays mais surtout à un grand rassemblement à Lima vers où ont convergé des milliers de paysans andins ces derniers jours. Ils espèrent "prendre Lima" et frapper les esprits.
Il était pour le moment impossible, malgré les annonces des uns et autres, de connaître l'ampleur de cette mobilisation et de savoir combien de personnes sont arrivées à Lima.
Mercredi soir, avant l'annonce du décès à Macusani, le secrétaire général de la Confédération générale des travailleurs du Pérou (CGTP), auteur de l'appel à la grève, a souligné lors d'une conférence de presse : "La lutte du peuple péruvien ne se terminera pas demain, la lutte continuera si Dina Boluarte n'écoute pas le peuple et agit avec arrogance.". "C'est une grève civique populaire nationale avec des mobilisations pacifiques des organisations des différentes régions, en évitant tout acte de vandalisme", a assuré M. Lopez. "Il s'agit d'une mobilisation démocratique de citoyens venus de province mais aussi d'ici de Lima. Ils exigent la démission immédiate de Dina Boluarte, la convocation de nouvelles élections en 2023 et la dissolution du Congrès", a-t-il ajouté.
État d'urgence
Alors que le gouvernement a décrété dimanche l'état d'urgence pour 30 jours à Lima, Cuzco, Callao et justement Puno (où se trouve Macusani), le leader syndical a précisé que les organisateurs n'avaient pas sollicité d'autorisation. "Il n'y a pas d'autorisation de la police, on ne demande jamais d'autorisation pour une manifestation sociale, ce n'est pas une obligation qu'ils nous autorisent", a-t-il assuré alors que l'état d'urgence, qui permet à l'armée d'intervenir pour maintenir l'ordre, suspend aussi les libertés de réunion et de circulation.
Les autorités ont mobilisé un important dispositif policier. Mercredi soir, plusieurs petites manifestations à Lima ont été encadrées par des dizaines des membres de forces de l'ordre. Dans la soirée, plusieurs statues et monuments du centre de Lima étaient déjà enveloppés sous des bâches en plastique pour les protéger d’éventuelles dégradations.
Avec AFP