Les forces russes ont renforcé pour la première fois, mercredi, leur présence militaire dans une région du nord de la Syrie sous contrôle des forces kurdes et de l'armée syrienne, menacée par une offensive terrestre de la Turquie.
C'est la première fois que l'armée russe, qui soutient le régime de Bachar al-Assad, dépêche des renforts dans une région du nord de la Syrie depuis qu'Ankara a lancé, le 20 novembre, une campagne de raids aériens contre les combattants kurdes.
Mercredi 30 novembre, les forces russes ont accru leur présence dans la région de Tal Rifaat, frontalière de la Turquie, sous contrôle des forces kurdes et de l'armée syrienne, menacée par une offensive terrestre de la Turquie, ont indiqué des habitants et une ONG.
Des habitants de Tal Rifaat ont indiqué à l'AFP que des renforts russes étaient arrivés dans la ville située à une quinzaine de kilomètres de la frontière turque.
Le "moment venu"
Le président Recep Tayyip Erdogan a indiqué que l'offensive terrestre que la Turquie menace de lancer "le moment venu" viserait en priorité Tal Rifaat, ainsi que les localités de Manbij et Kobané, en vue d'établir une zone de sécurité large de trente kilomètres au sud de sa frontière.
Tal Rifaat se trouve dans une enclave contrôlée par les forces kurdes, entourée de régions tenues par l'armée syrienne d'un côté, et de groupes pro-turcs de l'autre.
Selon les mêmes habitants, les forces de Moscou ont établi un nouveau barrage entre la zone contrôlée par les Kurdes et celle tenue par les forces pro-turques.
L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH, qui dispose d'un vaste réseau de sources sur le terrain) a de son côté indiqué que les forces russes avaient également consolidé leur présence à l'aéroport militaire de Menagh, tenu par le régime syrien, proche de Tal Rifaat.
L'OSDH a également fait état de renforts russes dans les environs de la ville frontalière kurde de Kobané. Un responsable de sécurité a indiqué à l'AFP que les forces russes y avaient fait circuler une patrouille, sous la surveillance d'un hélicoptère.
"Empêcher ou retarder l'opération militaire turque"
"Le but de ces renforts pourrait être d'empêcher ou de retarder l'opération militaire turque", a affirmé à l'AFP le chef de l'OSDH, Rami Abdel Rahmane.
Les forces kurdes de Syrie ont indiqué, mardi, avoir demandé à la Russie de faire pression sur la Turquie pour la dissuader de lancer une offensive terrestre.
Moscou, allié du régime syrien, et Washington, qui soutient les Kurdes de Syrie, ont tous deux appelé Ankara "à la retenue".
La Turquie a lancé ses raids après un attentat qui a fait six morts à Istanbul le 13 novembre, accusant les Kurdes de l'avoir commandité, ce qu'ils ont démenti.
Depuis le 20 novembre, environ 75 personnes ont été tuées dans les frappes turques, en majorité des combattants kurdes, ainsi qu'une dizaine de civils et des soldats syriens, selon l'OSDH.
Avec AFP