L'enseignante et ex-membre du Front national, Cassandre Fristot, qui avait brandi une pancarte antisémite lors d’une manifestation contre le passe sanitaire le 7 août, a été condamnée mercredi à six mois de prison avec sursis par le tribunal correctionnel de Metz.
Une peine plus lourde que celle requise par le parquet. Pour avoir brandi une pancarte antisémite lors d'une manifestation anti-passe sanitaire début août, Cassandre Fristot, enseignante et ex-membre du FN, a été condamnée mercredi 20 octobre à six mois de prison avec sursis pour "provocation à la haine raciale" par le tribunal correctionnel de Metz.
Le parquet avait requis trois mois de prison avec sursis et trois ans d'inéligibilité contre Cassandre Fristot, qui ne s'était pas déplacée à l'audience le 8 septembre, et qui n'était pas non plus présente mercredi.
La jeune femme de 34 ans a aussi été condamnée à verser entre un euro symbolique et 300 euros à huit des 13 organisations qui s'étaient constituées parties civiles, parmi lesquelles le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), la Licra et SOS Racisme.
"Cette affiche n'était pas très compliquée à comprendre mais un peu cachée pour éviter la sanction pénale, ce qui n'est pas complètement courageux. Mais le tribunal ne s'y est pas trompé, donc c'est une victoire sur tout ce qui constitue une incitation à la haine", a salué Me Annie Levi-Cyferman, qui défendait la Ligue des droits de l'Homme, l'une des parties civiles.
"On a bien considéré qu'elle n'était pas dans le cadre du débat démocratique mais que c'était bien un délit, que c'est une délinquante et qu'elle a été condamnée pour n'avoir pas respecté les règles de la République", a-t-elle ajouté.
La diffusion d'une photo de l'écriteau, brandi fièrement par Cassandre Fristot coiffée d'un béret lors de la manifestation messine du 7 août, avait suscité un tollé dans la classe politique et les organisations de lutte contre le racisme et l'antisémitisme.
"Pour elle, c'est une défaite"
Les noms de plusieurs responsables politiques, hommes d'affaires et intellectuels, dont la plupart sont juifs, étaient ciblés sur cette pancarte. Les noms inscrits encadraient le slogan "Mais qui ?" et l'exclamation "Traîtres !!!".
La jeune femme, professeure d'allemand remplaçante, avait été également suspendue par l'Éducation nationale, "provisoirement" selon ses avocats.
Elle encourait jusqu'à un an de prison et 45 000 euros d'amende.
"Pour elle, c'est une défaite, elle a toujours nié, elle fait la vierge effarouchée, la naïve, alors que c'est une militante aguerrie de l'extrême droite qui porte les valeurs antisémites traditionnelles de l'extrême droite", a poursuivi Me Levi-Cyferman.
Le procureur de la République de Metz, Christian Mercuri, avait lui aussi précisé que Cassandre Fristot était "connue pour son appartenance à la mouvance d'extrême droite".
Lors de l'audience le 8 septembre, les avocats des 13 parties civiles avaient tous insisté sur le fait que la pancarte brandie le 7 août portait "les stigmates profondes de l'antisémitisme" et les "codes du complotisme", comme l'avait souligné Me David-Olivier Kaminski, avocat du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif).
Ces affirmations avaient été contestées par les avocats de la défense, qui avaient nié tout antisémitisme de la part de leur cliente.
"Je voulais dénoncer les puissants, je leur reproche leurs décisions et non leur confession religieuse", avait affirmé Cassandre Fristot aux policiers lors de sa garde à vue.
Des arguments que n'a pas retenus le tribunal, qui "a reconnu que son affiche était antisémite, car elle visait clairement les juifs", a souligné Me Levi-Cyferman.
Avec AFP