
Alors que la dégradation de la situation sanitaire se poursuit en France, l’exécutif réunit deux conseils de défense, mardi et mercredi, pour tenter d’endiguer la propagation du coronavirus. Emmanuel Macron s'adresseraaux Français mercredi à 20 h, lors d'une allocution télévisée, a annoncé l'Élysée. France 24 fait le point sur les nouvelles mesures à l'étude.
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Le couvre-feu imposé à 54 départements et à la Polynésie – soit à deux Français sur trois – ne suffira pas. L’exécutif prépare désormais les esprits à des “décisions difficiles”, comme l’a déclaré mardi 27 octobre le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, sur France Inter.
La dynamique actuelle du coronavirus sur le territoire français est telle que le ministre de la Santé, Olivier Véran, a prévenu, samedi, à l’Assemblée nationale, que le bilan va "s'alourdir dans les prochains jours et semaines, quoi que nous fassions". Évoquant une situation sanitaire “très difficile, voire critique”, le président du Conseil scientifique, Jean-François Delfraissy, a renchéri lundi sur RTL : "On avait prévu qu'il y aurait cette deuxième vague mais nous sommes nous-mêmes surpris par la brutalité de ce qui est en train de se passer depuis dix jours".
Emmanuel Macron réunit, mardi et mercredi, deux conseils de défense devant conduire à de nouvelles restrictions sanitaires, qui devraient être annoncées aux Français d’ici la fin de cette semaine. Plusieurs scénarios sont sur la table.
- Un couvre-feu renforcé
Cette hypothèse vise à étendre le dispositif déjà en place depuis plus d’une semaine en France. En vigueur de 21 h à 6 h à Paris et dans huit métropoles depuis le 17 octobre, la mesure a été appliquée une semaine plus tard à 38 autres départements, et concerne aujourd’hui 46 millions de Français.
Même si le couvre-feu n'a pas encore eu d'impact sur les statistiques de Santé publique France – les premiers effets de cette mesure sur les indicateurs sanitaires n’étaient pas attendus avant cette semaine –, l'augmentation exponentielle des cas de contamination ces derniers jours semble précipiter le calendrier politique. “L’ensemble des indicateurs épidémiologiques sont à la hausse avec une progression rapide de la circulation du Sars-CoV-2 sur la majorité du territoire”, indique mardi l’agence nationale de santé publique.
Le renforcement du couvre-feu, si cette option était retenue, consisterait à élargir les horaires qui restreignent les déplacements de populations, sur le modèle de ce qui a été mis en place en Guyane ces derniers mois. Dans ce territoire d’outre-mer, la mesure s'appliquait de 23 h à 5 h au mois de mai, puis elle a été étendue le mois suivant de 17 h à 5 h en semaine et dès 13 h le week-end. Le couvre-feu, couplé à des reconfinements locaux ciblés, a permis de faire baisser, en quelques semaines, de 1,7 à 1,1 le taux de reproduction du virus – un chiffre qui désigne le nombre théorique de personnes infectées par un cas contagieux.
- Un reconfinement “moins dur” qu’en mars
Exclue du débat public pendant plusieurs semaines, l’hypothèse du reconfinement revient avec force dans le contexte sanitaire actuel. Le Covid-19 circulant activement sur la majorité du territoire français, comme le montre la dernière carte de France Geodes du taux d’incidence du virus, envisager des confinements locaux ou partiels paraît difficile.
“La difficulté actuelle (réside dans la) dimension nationale de l’épidémie”, a relevé mardi l’infectiologue Gilles Pialoux sur BFMTV. "Parler de confinement régional avec les données qui circulent actuellement, ça n'a pas de sens". Le chef du service des maladies infectieuses à l'hôpital Tenon à Paris se prononce sans ambiguïté pour une “mesure drastique” : “Il faut reconfiner le pays et laisser de côté l'économie car ça, c'est rattrapable.”
Jean-François Delfraissy s’est lui aussi dit, lundi, favorable à un confinement mais “de courte durée” et "moins dur que celui de mars dernier”. Pour le président du Conseil scientifique, cela “permettrait à la fois le travail, qui doit s'accentuer en télétravail, et permettrait de conserver une activité scolaire et une activité économique". Une option qui serait compatible avec la doctrine affichée ces dernières semaines par l'exécutif : Emmanuel Macron et son Premier ministre Jean Castex ont expliqué à plusieurs reprises qu’il allait falloir "vivre durablement avec le virus".
La situation sanitaire à laquelle la France est actuellement confrontée semble finalement correspondre à un des quatre scénarios qu’avait établis le Conseil scientifique dans un avis publié en juin dernier. Intitulé “l’épidémie atteint un stade critique”, “ce scénario doit absolument être évité”, prévenaient alors les spécialistes qui conseillent l’exécutif. Et ils écrivaient : “Dans ce scénario, les efforts pour stopper la reprise de l’épidémie ont échoué.”