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Paris et Ankara veulent étendre la coopération franco-turque

Le président turc, Abdullah Gül, a clos sa visite de trois jours à Paris par une rencontre avec son homologue français. En désaccord sur la question de l'entrée de la Turquie dans l'UE, ils ont toutefois affiché une bonne entente.

AFP - Nicolas Sarkozy et son homologue turc Abdullah Gül ont constaté vendredi à Paris leur désaccord sur l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne (UE), que le président français refuse obstinément, mais se sont promis malgré tout d'étendre la coopération entre leurs deux pays.

Conclusion d'une visite de trois jours en bord de Seine, la première rencontre entre les deux dirigeants depuis l'élection de Nicolas Sarkozy en 2007 a débuté au Grand Palais par l'inauguration de l'exposition "De Byzance à Istanbul", manifestation phare de la saison de la Turquie en France, et s'est poursuivie par un déjeuner de travail à l'Elysée.

Après une grosse heure d'échanges, Abdullah Gül a quitté le palais présidentiel sans faire la moindre déclaration. Pour toute information, la presse, déjà tenue à distance de la verrière du Grand Palais, a dû se contenter du récit du repas par un conseiller élyséen.

"C'est un déjeuner où toutes les questions ont été abordées dans un bon esprit de coopération et de respect mutuel, et qui s'est conclu par la volonté de travailler davantage ensemble dans tous les domaines", a-t-il rapporté.

Sur la question qui fâche, Nicolas Sarkozy a rappelé "de manière très franche la position française", a poursuivi le conseiller, estimant "qu'entre pays amis, on peut se parler franchement".

Lors de la campagne pour les élections européennes de juin dernier, il avait répété que l'Europe devait cesser de "se diluer dans un élargissement sans fin" et que la Turquie, un pays musulman de 71 millions d'habitants, n'avait "pas vocation à (en) devenir membre".

A en croire la relation élyséenne de la rencontre, Abdullah Gül a "rappelé la position turque de manière aussi franche et amicale".

Plus tôt dans la journée, le président turc avait plaidé, lors d'un séminaire franco-turc organisé par le Medef, pour que les négociations sur l'adhésion aillent à leur terme. "La Turquie fait en sorte de se conformer aux normes européennes", a-t-il dit, "c'est à la fin du processus qu'il faudra procéder à une évaluation de la Turquie".

Ce constat de divergence acté, MM. Sarkozy et Gül se sont mis d'accord pour que "cette question n'empoisonne pas l'ensemble des relations entre les deux pays" et donc convenu de "renforcer la relation franco-turque".

Et d'abord sur le plan économique. "Il faut que les dirigeants d'entreprise turcs s'engagent davantage en France", a demandé le Premier ministre François Fillon. "Nous pouvons faire mieux", a reconnu M. Gül, regrettant que la Turquie ne figure pas au rang des "partenaires stratégiques" de la France.

Nicolas Sarkozy a ainsi proposé "une coopération franco-turque en matière nucléaire civile" à son homologue turc, qui a jugé cette perspective "très encourageante", a rapporté l'Elysée.

Autre pas en avant, Abdullah Gül a fait savoir à la France que ses entreprises étaient désormais "les bienvenues" dans le projet de gazoduc Nabucco, qui doit relier en 2014 l'Asie centrale à l'Europe. GDF avait renoncé en 2008 à participer au projet à la suite d'un veto d'Ankara, furieux de la reconnaissance du génocide arménien par le Parlement français.

Sur cette question très délicate, Nicolas Sarkozy s'est réjoui de la signature, samedi en Suisse, d'un accord entre la Turquie et l'Arménie visant à normaliser leurs rapports bilatéraux.

Malgré cette avancée et une volonté manifeste d'apaiser les tensions, la visite d'Abdullah Gül n'a pas levé la divergence de fond qui sépare les deux pays. "Personne ne s'attendait à une percée sur l'Europe", a commenté l'Elysée, "la visite n'était tournée que sur les relations bilatérales".