
Alors que le sommet de l’Otan s’ouvre mardi à Londres, la tension est montée d’un cran ces derniers jours entre le président français Emmanuel Macron et son homologue turc Recep Tayyip Erdogan. Au cœur de leur différend : la Syrie et la place de la Turquie dans l’Otan.
L’ambiance est à la discorde pour le sommet des 70 ans de l’Alliance atlantique et c’est notamment entre le président français et son homologue turc que l’ambiance est la plus électrique. Le différend porte notamment sur l'intervention lancée par Ankara dans le nord-est de la Syrie sans en informer les autres membres de l'Otan. Et Erdogan entend bien aborder ce sujet.
"La Turquie attend du soutien de la part de ses alliés, elle attend que ses préoccupations sécuritaires soient reconnues comme légitimes et que son opération en Syrie soit reconnue comme une opération antiterroriste, notamment par ses partenaires européens", explique Ludovic de Foucaud, correspondant de France 24 en Turquie.
Le 9 octobre, l’armée turque a pénétré dans les territoires contrôlés par les Forces démocratiques syriennes (FDS), une coalition de combattants dominés par les Kurdesqui, alliée aux Américains dans la région depuis 2015, a payé un lourd tribut à la lutte contre l’organisation État islamique.
C’est là que le bât blesse : là où Erdogan défend une opération sécuritaire, les Européens considèrent au contraire que cette incursion risque d’affaiblir la lutte contre le terrorisme et contre le groupe État islamique dans la région.
Erdogan ulcéré par Macron
"C’est la France qui a été la plus bruyante contre l’unilatéralisme de l’opération turque en Syrie", rappelle Ludovic de Foucaud. D’où une exaspération exacerbée du président turc vis-à-vis d’Emmanuel Macron. La charge du Français sur l’état de l’Otan a ulcéré le Recep Tayyip Erdogan qui a jugé le président français lui-même "en état de mort cérébrale".
"La Turquie se sent légitime à critiquer la France parce que d’autres pays – notamment les États-Unis et l’Allemagne – l’ont fait après l’interview d’Emmanuel Macron à The Economist", ajoute le journaliste.
Angela Merkel avait notamment pris ses distances avec Emmanuel Macron en disant ne pas partager sa vision "radicale". De son côté, l'ambassadrice américaine auprès de l'Otan, Kay Bailey Hutchison, a affirmé être "fermement en désaccord avec l'évaluation de l'Otan par le président Macron". Emmanuel Macron assume ses propos et n'entend pas renoncer à ses griefs.