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Pacte sur les migrations de l'ONU : Paris met en garde contre les manipulations

En France, les fake news et les fantasmes vont bon train concernant le Pacte de l’ONU sur les migrations. C'est ce qu'a dénoncé dimanche le ministre français des Affaires étrangères.

"Je n'ai jamais entendu autant de fadaises depuis très longtemps" s’est offusqué dimanche 9   décembre le chef de la diplomatie française Jean-Yves Le Drian. Le ministre des Affaires étrangère a déploré les "manipulations" auxquelles a donné lieu le pacte de l'ONU sur les migrations, qui doit être adopté lundi et mardi au Maroc.

Paris est un des rares pays européens à soutenir ce pacte mondial qui a déchaîné les passions à travers l'Europe et conduit à l'implosion dimanche de la coalition au pouvoir en Belgique, avec la démission des ministres nationalistes flamands.

À quelques jours du sommet de Marrakech, sept pays de l'UE – la Hongrie, l'Autriche, la Pologne, la République tchèque, la Slovaquie, la Bulgarie et la Lettonie – ont annoncé qu'ils n'enverraient pas de représentants au Maroc valider le document qu'ils avaient pourtant adopté, comme tous les pays de l'ONU à l'exception des États-Unis, en juillet.

"Il y une élucubration fantastique sur ce texte", a estimé Jean-Yves Le Drian dans l'émission Le Grand Jury RTL/Le Figaro/LCI. "Pour des circonstances un peu troubles de majorités électorales dans tel ou tel pays, on utilise et on manipule le pacte sur les migrations", a-t-il affirmé.

Marine Le Pen et des Gilets jaunes vent debout contre le pacte

En France également, le pacte fait débat. Il suscite une vive opposition de la droite et de l'extrême droite, et affole certains Gilets jaunes, sur fond de nombreuses fake news.

Sur la page Facebook de l'Acte IV des Gilets jaunes, une militante réclame le départ d'Emmanuel Macron "sinon on est tous morts [...] allez voir le pacte de Marrakech sur YouTube, ce pacte signe notre fin   !". Deux représentants de ce mouvement, Maxime Nicole (dit Fly Ryder) et Eric Drouet, évoquent dans un échange vidéo l'arrivée de 480   millions de migrants, un chiffre qui ne figure pas dans le texte de l'ONU.

En première ligne du débat politique sur le pacte figure également la présidente du Rassemblement national (RN) Marine Le Pen. Cette dernière considère que ce texte équivaut à un "pillage imposé des pays d'accueil", alors que le député Les Républicains (LR) Éric Ciotti craint une "institutionnalisation du communautarisme". Le président des sénateurs LR Bruno Retailleau dénonce, quant à lui, "une approche de petits pas" qui ouvre "la voie aux normes juridiques de demain".

Des fake news diffusées sur les réseaux sociaux

Pourtant, ce pacte est "juridiquement non contraignant" et réaffirme même le "droit souverain des États" à définir leur politique migratoire. "Ça ressemble un peu à la convention de Paris [la COP21] en matière de climat. C'est un texte qui cadre et dit que les États se fixent des objectifs", explique Serge Slama, professeur de droit à l'université de Grenoble-Alpes. "Il n'y a pas d'invention de nouveaux droits", assure également Solène Bedaux, chargée de plaidoyer au Secours catholique-Caritas.

"Ce texte ne contient aucune obligation. C'est de l'affabulation totale. Quand on voit l'état d'énervement dans lequel certain peuvent se mettre après s'être fait laver le cerveau par des âneries qui circulent sur les réseaux sociaux. Celles et ceux qui surfent sur ces peurs sont des apprentis sorciers. Je pense à Marine Le Pen qui colporte des mensonges et des contre-vérités incroyables sur le sujet", a déclaré à Ouest France le secrétaire d'État Jean-Baptiste Lemoyne, qui représentera la France à Marrakech.

Avec AFP