Les négociateurs de l'UE et du Royaume-Uni se sont entendus sur un projet d'accord concernant les conditions du Brexit, a indiqué mardi Downing street. La question de la frontière irlandaise reste un enjeu majeur.
Les négociateurs de l'Union européenne et du Royaume-Uni se sont entendus, mardi 13 novembre sur un projet d'accord, ouvrant la voie à un dénouement sur la question du Brexit, a indiqué Downing Street.
La Première ministre britannique, Theresa May, réunira mercredi ses principaux ministres. "Le cabinet se réunira demain à 14h pour étudier le projet d'accord auquel sont parvenues les équipes de négociations à Bruxelles, et pour décider des prochaines étapes", a annoncé mardi en début de soirée un porte-parole des services de Theresa May au 10, Downing Street.
La chaîne irlandaise RTE, qui cite deux sources gouvernementales, affirme, en outre, que le projet d'accord prévoit un "filet de sécurité" qui doit éviter le retour d'une frontière physique entre l'Irlande du Nord et la république d'Irlande. "Il aura la forme d'un arrangement douanier pour tout le Royaume-Uni avec des dispositions 'plus profondes' pour l'Irlande du Nord en termes douaniers et réglementaires", a tweeté son journaliste Tony Connelly.
Transformer l'essai au Parlement
Il va falloir à présent transformer l'essai, et au vu de la situation politique interne au Royaume-Uni, la tâche s'annonce des plus ardues. Pour Vincent Cable, chef de file des Libéraux démocrates, c'est même mission impossible. "Le problème, c'est qu'il doit venir devant le Parlement, et tout ce que nous savons des opinions des différentes personnalités à travers le spectre politique, c'est qu'un accord de ce genre ne sera pas adopté", a-t-il dit à la BBC.
Boris Johnson, ancien ministre des Affaires étrangères et chef de file des Brexiters les plus ardents et député à la Chambre des communes, a d'ores et déjà annoncé qu'il voterait contre cet accord qui, selon lui, "vassalise" le Royaume-Uni.
Le député conservateur Jacob Rees-Mogg, autre figure de ce camp eurosceptique, a estimé pour sa part que ce compromis faisait passer la Grande-Bretagne "de vassal à esclave". "Je souhaite que le gouvernement s'y oppose et si ce n'est pas le cas j'espère que le parlement s'y opposera. Je pense que nous sommes conscients que cet accord est profondément insatisfaisant", a-t-il dit à la BBC.
Du côté des unionistes nord-irlandais, le suspense est entier. Nigel Dodds, numéro 2 du Parti unioniste démocrate (DUP) d'Irlande du Nord, a affirmé que si l'accord signifiait que les lois étaient fixées à Bruxelles, alors le texte devenait inacceptable. Or, avec dix députés à la Chambre des communes, le DUP est indispensable à la majorité parlementaire de Theresa May depuis son échec cinglant aux législatives anticipées de juin 2017.
L'UE ne voulait pas "punir" le Royaume-Uni
Des responsables de l'UE ont déclaré mardi à Bruxelles que l'exécutif européen préparait, dans le cas d'un Brexit sans accord, des mesures provisoires d'urgence pour limiter les conséquences dans cinq secteurs clés - les droits des citoyens, les services financiers, le transport, les douanes et les données personnelles.
Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a pour sa part assuré devant le Parlement européen que l'UE ne voulait pas "punir" le Royaume-Uni pour son choix de quitter le bloc, même s'il juge que ce départ est "une tragédie, une erreur historique". Il a souligné que les efforts du négociateur européen, Michel Barnier, devraient permettre d'avancer vers l'accord le plus satisfaisant possible pour les deux parties.
L'Union, a-t-il ajouté, accepte le résultat du référendum britannique de juin 2016 et veut "en tirer le meilleur parti" dans l'intérêt de tous. "La Commission, ainsi que Michel Barnier, vont dans cette direction", a dit Jean-Claude Juncker.
Avec Reuters