
Abou Bakr al-Baghdadi, le chef de l'organisation État islamique, a rompu mercredi un silence de près d'un an. Dans un enregistrement de 54 minutes diffusé par l'agence de propagande du groupe, il appelle les combattants à persévérer.
"Pour les moudjahidine [soldats de Dieu, NDLR], l’ampleur de la victoire ou de la défaite ne dépend pas d'une ville volée ou de celui qui a la supériorité aérienne, des missiles intercontinentaux ou des bombes intelligentes", a déclaré le chef du groupe terroriste État islamique (EI), Abou Bakr al-Baghdadi, dans un enregistrement publié mercredi 22 août par son agence de propagande.
C’est la première fois que le leader de l'EI s’exprime depuis près d’un an. Dans son discours, qui dure environ 54 minutes, il a appelé les combattants de l’organisation à "frapper pour terroriser", exhortant ses partisans en Occident à mener des attaques à l'explosif ou à l'arme blanche "sur leurs terres".
#Baghdadi la victoire n’est pas dans les territoires ni les armes sophistiquées, mais dans la détermination et la volonté de combattre
Wassim Nasr (@SimNasr) 22 août 2018Abou Bakr al-Baghdadi a commencé par féliciter ses troupes pour la fête de l'Aïd el-Kébir et n’a pas manqué de remobiliser les troupes à renfort d’arguments religieux. Il est par la suite revenu sur des éléments d’actualité, permettant de dater cet enregistrement d'"une semaine maximum", souligne Wassim Nasr, journaliste à France 24 et spécialiste des mouvements jihadistes.
#Baghdadi évoque l’affaire du pasteur américain et le conflit entre la #Turquie et les USA & l’arrivée des chefs de milices chiites au pouvoir en #Irak, ce qui situe l’audio ds le temps
Wassim Nasr (@SimNasr) 22 août 2018Le chef de l'EI évoque notamment la crise diplomatique entre la Turquie et les États-Unis liée à l’arrestation d'un pasteur américain et l'arrivée des chiites au pouvoir en Irak. Selon lui, les sunnites d'Irak sont abandonnés et doivent se repentir en soutenant l'organisation terroriste.
En mai, les législatives irakiennes se sont soldées par la victoire de la liste de l’imam chiite anticorruption et nationaliste, Moqtada al-Sadr. Pour diriger le pays, il a annoncé en juin une alliance avec Hadi al-Ameri, ancien ministre des Transports, proche de l’Iran et leader d’un groupe armé antijihadiste, arrivé deuxième du scrutin.
Abou Bakr al-Baghdadi estime aussi qu’il est nécessaire qu’une minorité des musulmans se sacrifie pour le bien des pays musulmans et appelle tous les habitants de la péninsule arabique à se réveiller contre les "mécréants" Saoud, la famille royale d'Arabie saoudite.
Cette sortie du chef de l'EI intervient au lendemain d'une attaque terroriste en Afghanistan. Mardi, les forces de sécurité afghanes ont mis fin à une attaque spectaculaire de plus de six heures dans Kaboul revendiquée par le groupe État islamique. L’attaque visait "le palais présidentiel", a indiqué l’organisation terroriste.
Abou Bakr al-Baghdadi, donné mort à plusieurs reprises, serait encore vivant et se trouverait en territoire syrien, le long de la frontière avec l'Irak, selon des responsables irakiens.
Avec AFP