Le Zimbabwe vote lundi pour élire son nouveau président. L'élection opposera principalement l'actuel président Emmerson Mnangagwa, à la tête de la Zanu-PF, et l'opposant Nelson Chamisa, leader du MDC, à qui Robert Mugabe a apporté son soutien.
Les Zimbabwéens sont appelés aux urnes, lundi 30 juillet, pour élire leur président, leurs députés et leurs conseillers municipaux lors de scrutins historiques, les premiers depuis la chute du président Robert Mugabe. Les bureaux de vote, où étaient attendus quelque 5,6 millions d'électeurs, sont restés ouverts lundi de 07h00 à 19h00 (de 05h00 à 17h00 GMT).
Un total de 23 candidats – un record – sont en lice pour cette présidentielle, organisée en même temps que les législatives et les municipales.
Pour ces scrutins historiques, "la participation est élevée", a annoncé à la mi-journée la présidente de la Commission électorale, Priscilla Chigumba. De longues files d'attente s'étaient formées à l'aube devant de nombreux bureaux de vote à Harare.

La course se joue essentiellement entre l'actuel président Emmerson Mnangagwa, patron de la Zanu-PF, le parti au pouvoir depuis l'indépendance en 1980, et l'opposant Nelson Chamisa, leader du Mouvement pour le changement démocratique (MDC).
Le premier, âgé de 75 ans, ancien bras droit de Robert Mugabe, affirme avoir tiré un trait sur son passé de cacique du régime Mugabe et a promis de rétablir la démocratie et de remettre sur les rails une économie aux abois. Il s'est engagé à la tenue d'élections libres, honnêtes et transparentes, à rebours des fraudes et des violences qui ont largement entaché les scrutins de l'ère Mugabe. Mais ses détracteurs en doutent, rappelant qu'il a été l'un des exécuteurs de la répression de l'ère Mugabe.
Le second candidat, âgé de 40 ans seulement, compte sur sa jeunesse pour séduire un électorat bien décidé à en finir avec la vieille garde politique.
Pour la première fois depuis seize ans, des observateurs occidentaux, notamment de l'Union européenne (UE) et du Commonwealth, ont été invités à surveiller le bon déroulement du scrutin dans tout le pays.
Mugabe règle ses comptes
Le président Mnangagwa joue gros : il compte obtenir par les urnes la légitimité du pouvoir. Il a succédé en novembre au président Mugabe, poussé vers la sortie par l'armée et par son propre parti, la Zanu-PF, qui ont refusé que sa fantasque et ambitieuse épouse Grace Mugabe lui succède le moment venu.
Dans ces conditions, ces élections sont l'occasion pour le nonagénaire Mugabe de régler ses comptes. Lors d'une conférence de presse surprise dimanche, l'ancien président a appelé les électeurs à faire chuter la Zanu-PF. "Je ne peux pas voter pour ceux qui m'ont mal traité", a-t-il lancé depuis sa luxueuse résidence de Blue Roof à Harare où il passe une retraite dorée, avant de sous-entendre qu'il donnerait sa voix à Nelson Chamisa, dont il a toujours combattu la formation.
Cette élection sera "la plus disputée de toute notre histoire", a prévenu le président Mnangagwa dimanche. L'écart dans les sondages entre les deux principaux candidats à la présidentielle – qui se présentent pour la première fois à la fonction suprême – s'est récemment réduit.
Emmerson Mnangagwa est crédité de 40 % des suffrages, contre 37 % pour Nelson Chamisa, selon un sondage publié il y a dix jours par le groupe Afrobarometer. Les résultats sont attendus d'ici le 4 août et si aucun candidat n'obtient la majorité absolue lundi, un second tour sera organisé le 8 septembre.
Avec AFP