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Législatives au Liban : proportionnelle, équilibre confessionnel... un système électoral complexe

Le Liban connaîtra le 6 mai ses premières élections législatives en neuf ans. Après des décennies de scrutin uninominal majoritaire, le nouveau système introduit la proportionnelle, tout en conservant un équilibre entre les différentes confessions.

Près d'une décennie après les dernières élections législatives, les Libanais sont appelés aux urnes, dimanche 6 mai. Pour l'occasion, ils testeront un système de scrutin rénové par l'adoption en 2017 d'une nouvelle loi électorale.

Fini le scrutin uninominal majoritaire, place à un système proportionnel. Mais le principe de l'équilibre confessionnel est conservé. Députés musulmans et chrétiens, toutes tendances politiques confondues, se partageront donc les 128 sièges de députés à parts égales.

Moins de circonscriptions

La nouvelle loi électorale réduit le nombre de circonscriptions, qui passe de 26 à 15. Leur taille varie : la plus petite, dans le sud du pays, compte cinq sièges, tandis que la plus grande, la région montagneuse du Chouf-Aley, au sud de Beyrouth, en compte 13.

Au sein de chaque circonscription, les sièges sont répartis entre toutes les communautés religieuses, suivant le poids démographique de chacune dans cette circonscription.

Des listes obligatoires et un "vote préférentiel"

Avec la nouvelle législation, l'électeur doit choisir une liste fixe, qui inclut a minima trois noms. Au total, 77 listes sont en lice dans le pays.

Cela oblige les partis politiques à faire preuve de pragmatisme. Dans certaines circonscriptions, des formations politiques différentes se regroupent sur une liste commune, quand leur intérêt l'impose, alors que dans d'autres, elles se font concurrence.

Et comme les candidats ne peuvent plus faire cavalier seul, même les indépendants sont contraints à unir leurs forces et à former des coalitions.

La loi électorale introduit également le concept de "vote préférentiel". Les électeurs désigneront, au sein de la liste choisie, leur candidat favori parmi les autres inscrits.

Une répartition à la proportionnelle

Le nouveau système définit un coefficient électoral qui sert de seuil d'éligibilité et en-dessous duquel les listes sont éliminées. Pour le calculer, le nombre de votes valides dans une circonscription donnée est divisé par le nombre de sièges en jeu.

La répartition du nombre de sièges entre chacune des listes "gagnantes" se fait à la proportionnelle, selon le pourcentage de voix qu'elles ont obtenu.

Ensuite, l'attribution des sièges au sein de chaque liste se fait en fonction des quotas confessionnels et du nombre de "votes préférentiels" obtenus par les candidats.

La diaspora a voté pour la première fois

Pour la première fois depuis l'indépendance du Liban en 1943, la diaspora libanaise a été autorisée à voter. Après des vagues successives d'immigration depuis le XIXe siècle jusqu'à la guerre civile de 1975-1990, certaines estimations situent l'ampleur de la diaspora libanaise dans le monde à près de 12 millions, toutefois, la plupart de ces personnes n'ont plus la citoyenneté libanaise.

Le vote de la Diaspora libanaise.
Pour la première fois depuis l’indépendance du pays, les Libanais vivant à l’étranger participent ce dimanche aux élections législatives.#marounkaram #maroun_karam #repost #belgium????????????????❤️ #lebanon???????? @ Ambassade du Liban à Bruxelles. pic.twitter.com/yT2HZ51D41

  Maroun Karam (@Marounbeikkaram) 29 avril 2018

Quelque 82 000 Libanais à travers le monde s'étaient tout de même inscrits pour pouvoir voter lors des scrutins ayant eu lieu les 27 et 29 avril, en amont des législatives libanaise. Pour cette année, les électeurs devaient choisir parmi les listes de candidats se présentant dans leur circonscription d'origine.

Cependant, la loi électorale prévoit que lors des prochaines législatives, en 2022, six sièges au Parlement seront alloués spécifiquement à la diaspora.

Une commission électorale chargée de surveiller le scrutin

La nouvelle loi a mis sur pied une commission électorale chargée de prévenir d'éventuels abus de pouvoir ou de pratiques de corruption.

La commission inclut une représentante de la société civile, qui a toutefois démissionné en avril, évoquant "l'absence de ressources suffisantes pour permettre à la commission de mener à bien sa mission".

Avec AFP