
Dans un "combat commun pour l'intérêt général", les cheminots et les agents de la fonction publique défilent, jeudi, pour protester contre les réformes du gouvernement. De fortes perturbations sont à prévoir dans les transports.
Un trafic SNCF "très perturbé", des vols annulés, des écoles fermées : fonctionnaires et cheminots mènent, jeudi 22 mars, une première charge contre les projets de réforme du gouvernement, pour un service public de qualité et la défense de leur statut.
Des perturbations sont prévues le jeudi 22 mars. Pour rester informé en temps réel, téléchargez l'appli SNCF et enregistrez votre trajet https://t.co/e2VaaSqWLt
SNCF (@SNCF) 20 mars 2018Du côté des usagers, avant même la grève prévue entre début avril et fin juin, le trafic SNCF était déjà "très perturbé" jeudi avec deux TGV sur cinq en circulation, un TER sur deux, un Transilien sur trois, un Intercité sur quatre, trois trains internationaux sur quatre.
L'appel à la grève dans la fonction publique entraîne quant à lui des perturbations dans le trafic aérien, avec 30 % des vols annulés au départ et à l'arrivée des aéroports de Roissy, Orly et Beauvais.
Dans les écoles maternelles et primaires, un enseignant sur quatre sera en grève en moyenne, d'après le SNUipp-FSU (1er syndicat), avec de fortes disparités selon les départements (20 % en Dordogne, près de 55 % en Seine-Saint-Denis). Dans le second degré, les professeurs ne sont pas tenus de se déclarer à l'avance.
Parmi les autres secteurs qui pourront être touchés figurent les crèches, l'examen du permis de conduire, les bibliothèques ou la collecte des ordures, à Paris notamment.
Sept syndicats (sur neuf) de la fonction publique mobilisés (CGT, FO, FSU, CFTC, Solidaires, FA-FP et CFE-CGC), premiers à appeler à cette journée de grève, réclament notamment une hausse de leur pouvoir d'achat. Les cheminots, qui ont choisi le même jour pour défiler, défendent eux l'avenir du rail.
Leur "combat commun pour l'intérêt général" se traduira à Paris par des retrouvailles place de la Bastille, où convergeront deux cortèges : celui des cheminots, partant de gare de l'Est, et celui des fonctionnaires au départ de Bercy. En régions, les syndicats du secteur public prévoient environ 180 manifestations et rassemblements. Des cheminots grossiront les rangs.
"Un tournant pour la fonction publique, avec des mesures structurantes"
Pour défendre le "service public" ferroviaire, une douzaine de partis de gauche – d'EELV au NPA en passant par le PCF, La France insoumise et le Parti socialiste – défileront aux côtés des cheminots, mais aussi Florian Philippot (Les Patriotes).
Face à ce qui constitue un premier test social d'envergure, le gouvernement affiche sa "très grande détermination à poursuivre les transformations" de la France. "Notre préoccupation est de nous assurer que les fils du dialogue et de la concertation sont toujours là", a insisté le porte-parole Benjamin Griveaux, au sujet de la SNCF.
Quant aux fonctionnaires, des discussions sont prévues jusqu'à fin octobre, a rappelé le secrétaire d'État à la Fonction publique Olivier Dussopt, réitérant sa volonté d'être "à l'écoute" des syndicats et l'engagement du gouvernement envers un service public "de qualité".
C'est la seconde fois depuis l'arrivée au pouvoir d'Emmanuel Macron que les agents publics se mobilisent, après le 10 octobre où des centaines de milliers d'entre eux ont battu le pavé contre la suppression annoncée de 120 000 postes, le rétablissement du jour de carence et le gel des salaires.
Depuis, Édouard Philippe a dévoilé un projet de réforme qui prévoit un recours accru aux contractuels (agents non statutaires) et des plans de départs volontaires, ce qui fait craindre aux syndicats une fonction publique "morcelée" et "externalisée".
"Nous sommes aujourd'hui à un tournant pour la fonction publique, avec des mesures structurantes" qui "auraient des conséquences très lourdes", a averti Bernadette Groison (FSU) au nom de l'intersyndicale.
Côté cheminots, la colère est vive face à la volonté du gouvernement de réformer la SNCF par ordonnances, en la transformant en société anonyme et en abandonnant le statut de cheminots à l'embauche.
La manifestation à Paris est "un coup de semonce" et "tout porte à croire qu'à partir du 3 avril, ce sera fort également", a averti Roger Dillenseger (Unsa). En faisant grève massivement jeudi, les cheminots dénoncent "la volonté de la ministre (des Transports Élisabeth Borne) de refuser de vraies négociations et de passer en force", selon Erik Meyer (SUD).
Avec AFP