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L'agence onusienne UNRWA, première victime du gel de l'aide américaine aux Palestiniens

Les États-Unis ont retenu le versement de plus de la moitié des 125 millions de dollars d'aide prévue à l'UNRWA, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens. Washington estime que d'autres pays doivent davantage contribuer.

L'annonce, mardi 16 janvier, par l’administration Trump du gel d’une partie de leur aide aux réfugiés palestiniens a sonné l'alarme dans les Territoires, où des centaines de milliers de personnes dépendent de l'assistance internationale.

L'UNRWA, l'agence de l'ONU directement impactée, a indiqué mercredi faire face à sa "plus grave crise financière" depuis sa création il y a près de 70 ans. Cet organisme fournit une aide à plus de cinq millions de Palestiniens vivant essentiellement dans la bande de Gaza, en Cisjordanie, en Jordanie et au Liban. L'éducation est le principal domaine de ses activités avec des effectifs de 20 000 enseignants. L'UNRWA fournit également un soutien sanitaire et financier.

Qu'est-ce que Trump a gelé?

Les États-Unis sont les principaux contributeurs de l'UNRWA, avec 350 millions de dollars versés l'an dernier. L'Union européenne (UE) arrive ensuite avec la moitié de cette somme. Le département d'Etat américain a annoncé le gel de 65 millions de dollars, tout en débloquant 60 millions pour assurer le fonctionnement de l'agence à court terme.

Il s'agit de la première tranche de l'aide pour cette année. Il n'a pas été précisé si les autres versements dans les prochains mois seraient également réduits. Le département d'État a souligné que la décision n'a pas été prise en vue d'exercer des pressions sur les dirigeants palestiniens, mais parce que les États-Unis veulent que d'autres pays contribuent davantage et aident à réformer l'agence.

Les dirigeants israéliens estiment que l'existence de l'UNRWA pérennise le conflit et que les réfugiés devraient être intégrés dans les pays voisins où ils sont installés, enterrant ainsi la question "du droit au retour" de plusieurs centaines de personnes. "L'existence même de l'UNRWA perpétue le problème des réfugiés palestiniens ainsi que le narratif du soi-disant droit du retour dont l'objectif réel est la destruction de l'État d'Israël", a récemment déclaré Benjamin Netanyahou.

De leur côté, les Palestiniens estiment que l'agence est vitale jusqu'à ce que soit trouvée une solution définitive au conflit israélo-palestinien. Ils rappellent également que Washington verse plus de 3 milliards de dollars d'aide militaire annuelle à Israël.

Pourquoi maintenant?

Depuis l’entrée en fonction du président Donald Trump, en janvier 2017, les relations entre l'administration américaine et les dirigeant palestiniens sont exécrables. Elles sont même au bord de la rupture ces dernières semaines depuis la décision controversée du président américain le 6 décembre de reconnaître Jérusalem comme capitale de l’État hébreu.

L'UNRWA se débattait dans une situation financière très difficile avant l'annonce américaine. En 2015, l'agence avait failli fermer ses écoles alors que le déficit de ses comptes se chiffrait à plusieurs dizaines de millions de dollars l'an dernier.

Après des décennies d'un soutien généreux, la réduction drastique du financement des États Unis au budget de @UNRWA met l'agence dans une situation financière critique. J'appelle les États membres à montrer aux réfugiés palestiniens que leurs droits & leur avenir comptent.⬇️ https://t.co/w3vpHtKSFK

  Nations Unies (ONU) (@ONU_fr) 17 janvier 2018

Les craintes portent désormais sur de possibles fermetures à terme d'écoles, voire même d'hôpitaux. Le patron de l'UNRWA Pierre Krahenbuhl a toutefois estimé que les 60 millions de dollars versés devraient permettre d'assurer leur fonctionnement, à court terme au moins.

Le président palestinien Mahmoud Abbas doit se rendre prochainement auprès de l'Union européenne à Bruxelles et pourrait à cette occasion demander une augmentation de l'aide européenne. Selon des diplomates européens, ses chances d'obtenir une telle hausse sont limitées tandis que les pays du Golfe constituent une possible alternative.

Avec AFP