Le président des États-Unis a offert dans les jardins de la Maison Blanche une bière aux deux protagonistes de la première controverse raciale de son mandat. Barack Obama avait crée la polémique en défendant son ami noir.
AFP - Barack Obama a réuni jeudi soir autour d'une bière les acteurs de la première querelle raciale de sa présidence, avec l'espoir de voir une embarrassante controverse prendre fin après le "pot" le plus attendu depuis longtemps à la Maison Blanche.
M. Obama, en bras de chemise, a rassemblé l'éminent universitaire noir Henry Louis Gates, ami de longue date, et James Crowley, le policier blanc qui l'a arrêté le 16 juillet, autour d'une table dans les jardins de la Maison Blanche. Le vice-président Joe Biden était de la partie quand la Maison Blanche a permis à la presse de voir pendant quelques dizaines de secondes les quatre hommes engagés dans une discussion apparemment détendue.
"J'ai toujours cru que ce qui nous réunit est plus fort que ce qui nous divise", a dit M. Obama dans un communiqué publié après une discussion "amicale et intelligente", "j'ai confiance: c'est ce qui s'est passé ici ce soir, et j'espère que nous saurons tous tirer cette leçon positive de cet épisode".
Officiellement, il s'agissait de donner l'exemple du dialogue interracial.
Mais une intervention de M. Obama, qu'il a lui-même reconnue malheureuse, a donné à cette affaire une dimension telle que des chaînes comme CNN affichaient à l'écran un compte à rebours jusqu'à l'heure prévue du "sommet de la bière".
Le premier président noir des Etats-Unis a ranimé les passions raciales la semaine passée en qualifiant de "stupide" et de révélatrice l'arrestation de M. Gates par le sergent Crowley.
En réunissant les protagonistes de cet incident, M. Obama entendait faire preuve de pédagogie mais aussi mettre un point final à une polémique qui, pendant quelques jours, a détourné l'attention de son action politique et pourrait lui avoir causé du tort.
"J'ai noté qu'on avait appelé cela le sommet de la bière. C'est intelligent. Mais ce n'est pas un sommet, les amis, il s'agit de trois gars qui prennent un verre à la fin de la journée et, j'espère, d'une occasion de s'écouter les uns les autres", a dit M. Obama, prenant soin de s'exprimer avant et non pendant la rencontre.
M. Obama s'est dit "fasciné par la fascination" qu'exerçait l'affaire, au point que les télévisions diffusaient par avance des images de la table vide à laquelle on servirait plus tard de la Bud Light (pour M. Obama), de la Blue Moon (pour le sergent Crowley), de la Red Stripe (pour M. Gates Jr) et de la Buckler (pour M. Biden).
Il s'agit juste de consacrer "un peu de temps à la réflexion sur soi-même" et de reconnaître "que les autres ont des points de vue différents", au lieu de céder à la "colère et à l'emphase", a-t-il ajouté.
M. Obama n'avait "aucun projet législatif" pour cette rencontre et espérait juste "favoriser le dialogue", avait prévenu son porte-parole Robert Gibbs.
M. Gates, de l'université Harvard, a été arrêté chez lui mi-juillet pour "trouble à l'ordre public" après avoir enfoncé sa porte d'entrée car il ne retrouvait pas ses clés. La police de la petite ville de Cambridge (Massachusetts, nord-est) a été alertée par une voisine croyant à un cambriolage. M. Gates dit qu'il n'aurait jamais été traité de la sorte s'il n'avait pas été noir. Le policier affirme que le professeur l'a traité de raciste et a insulté sa mère.
M. Obama a reconnu deux jours après son intervention qu'il avait mal choisi ses mots. Il a appelé les deux hommes et l'idée d'une rencontre est apparue.
Un sondage pour le centre de recherche Pew indique que 41% des Américains désapprouvent l'attitude de M. Obama dans cette affaire (29% l'approuvent) et qu'elle pourrait avoir contribué à la forte baisse du soutien apporté à son action en général, de 61% mi-juin à 54% aujourd'hui.