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Fraude fiscale : François Hollande connaissait la "phobie administrative" de Thomas Thévenoud

En nommant, en août 2014, Thomas Thévenoud au poste de secrétaire d’État au commerce extérieur, fauteuil qu'il occupera durant neuf petits jours, François Hollande avait déjà eu connaissance de ses démêlés avec le fisc, a révélé, mardi, franceinfo.

François Hollande avait-il eu vent des ennuis de Thomas Thévenoud avec le fisc au moment où il l’a nommé au gouvernement ? Oui, a révélé franceinfo mardi 21 novembre. Le président pensait toutefois que celui qu’il avait choisi pour occuper la charge de secrétaire d'État au Commerce extérieur avait réglé ses démêlés avec le fisc.

Tout se joue le 26 août 2014, jour de l’annonce du remaniement ministériel. Un proche de l’Élysée se souvient d’une réorganisation gouvernementale opérée dans la plus grande précipitation, relate franceinfo. Fidèle à la tradition, le secrétaire général de l'Élysée, Jean-Pierre Jouyet, descend sur le perron pour dévoiler la nouvelle liste des membres du gouvernement à la presse. Au même moment, François Hollande présente les noms des nouveaux ministres à son ami Michel Sapin, qui ne manque pas de sursauter en lisant le nom de Thomas Thevenoud. "C'est bien réglé son affaire ?" lance alors le ministre de l’Économie et des Finances de l’époque au chef de l’État. La suite montrera que non. François Hollande pensait que Thomas Thévenoud avait régularisé sa situation avec le fisc mais il n’avait pas pris le soin de le vérifier.

Un ministre éphémère

Neuf jours plus tard, le 4 septembre 2014, la situation fiscale du nouveau ministre fait la une des journaux, il est contraint de remettre sa démission. Celui qui avait été élu député de Saône-et-Loire en 2012 n’avait pas déclaré ses revenus pour cette même année et accusait de nombreux autres retards de déclarations pour d’autres années. En évoquant sa "phobie administrative" pour justifier ses retards, Thomas Thévenoud fait l’objet de nombreuses railleries dans la presse et sur les réseaux sociaux.

Au printemps 2014, Thomas Thévenoud avait déjà été pressenti pour faire partie du premier gouvernement Valls, mais ses démêlés avec le fisc, qui étaient connus, n’avaient pas permis sa nomination.

En mars 2017, Thomas Thévenoud annonce son retrait de la vie politique. Fin mai, il est condamné avec son épouse Sandra pour fraude fiscale par omission. Il écope alors de trois mois de prison avec sursis et à une peine d'inéligibilité d'un an. Il détient à ce jour le peu envieux record de la durée de mandat la plus courte de l’histoire de la Ve République, égalant celui de Léon Schwartzenberg en 1988, éphémère ministre délégué chargé de la Santé du gouvernement Rocard.