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RD Congo : pas de présidentielle pour remplacer Kabila avant 2019, inquiétude de l’ONU

La RD Congo ne pourra pas organiser de scrutin pour remplacer le président Joseph Kabila avant "504" jours, soit début 2019, a annoncé mercredi la commission électorale, alors qu'un vote était prévu en 2017. L’ONU craint une aggravation de la crise.

Une déclaration qui enterre définitivement l'accord entre le pouvoir et l'opposition du 31 décembre 2016. Près de trois semaines après la promesse de la publication “dès que possible” d’un calendrier électoral, les organisateurs de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo ont annoncé, le 10 octobre, que le scrutin n’aurait pas lieu avant 2019.

Discrètement publiée dans une des dépêches quasi-quotidiennes de la Commission nationale électorale indépendante (Ceni), cette annonce intervient au moment où l'ONU s'inquiétait d'une aggravation des crises politiques, sécuritaires et humanitaires dans ce pays-continent d'Afrique centrale.

Recensement toujours pas achevé

Il fallait lire très attentivement le texte pour y dénicher l’information : “La Ceni a besoin de 504 jours après la fin de l'enrôlement (recensement, NDLR) pour arriver au jour de scrutin", est-il écrit au milieu du texte.

Ce recensement étant encore en cours pendant plusieurs semaines dans les régions du Kasaï (centre), théâtre de violences, la Ceni affirme donc qu'il n'y aura pas d'élection avant le premier trimestre 2019 et que le président Jospeh Kabila peut se maintenir au pouvoir jusqu'à cette date. Son second et dernier mandat a pris fin le 20 décembre 2016 et la Constitution ne lui permet pas de se représenter.

Cette déclaration enterre définitivement l'accord entre le pouvoir et l'opposition du 31 décembre 2016. Conclu sous l'égide de l'Église catholique, le texte prévoyait des élections présidentielle, législatives et locales au plus tard fin 2017. Cet accord dit de la Saint-Sylvestre avait été conclu pour éviter de nouvelles violences après le maintien au pouvoir du président Kabila.

Appels à “une transition sans Kabila”

"Il n'y a plus à attendre. Congolais, la force de la rue, c'est maintenant...ou jamais", a réagi mercredi sur Twitter le mouvement Lutte pour le changement (Lucha).

Sollicité par l'AFP, le leader de l'opposition Félix Tshisekedi, fils de l'opposant décédé le 1er février, a réservé sa réaction pour plus tard.

M. Tshisekedi et un autre opposant, Moïse Katumbi, demandent "une transition sans Kabila" après le 31 décembre 2017, "conduite par des personnalités consensuelles chargées de préparer les élections".

Plus de 8 millions de personnes en détresse humanitaire

Mercredi, à New York, le Conseil de sécurité des Nations unies tenait une réunion sur la RDC, en présence du représentant de l'ONU à Kinshasa, Maman Sidikou. Crise politique, sécuritaire, humanitaire : ce dernier a dressé un tableau sombre de la situation dans ce pays géant d'Afrique centrale (2,3 millions de km2, deux fuseaux horaires, au moins 70 millions d'habitants, neuf frontières).

M. Sidikou s'est aussi inquiété de "la dégradation de la situation humanitaire": "Nous comptons environ 8,5 millions de personnes - y compris 5,5 millions d'enfants - ayant actuellement besoin d'assistance humanitaire. Le nombre de personnes déplacées à l'intérieur du territoire a atteint 3,8 millions de personnes, et plus de 621 000 Congolais ont cherché refuge" dans les pays voisins.

Avec AFP