
Dans un enregistrement audio diffusé jeudi, le chef du groupe État islamique, Abou Bakr al-Baghdadi, exhorte ses partisans à continuer la lutte. Sa dernière manifestation médiatique remontait à novembre 2016.
Sa dernière allocution relayée par un média remontait à novembre 2016. L'organe de propagande Al Fourkan, lié à l'organisation État islamique (EI), a diffusé, jeudi 28 septembre, un enregistrement audio attribué au chef du groupe jihadiste, Abou Bakr al-Baghdadi.
Dans son message, le dirigeant appelle ses combattants acculés de toutes parts en Syrie et en Irak à "résister" face à leurs ennemis. "Les chefs de l[l'EI] et ses soldats se sont rendu compte que, pour obtenir la grâce de Dieu et la victoire, il faut faire preuve de patience et résister face aux infidèles quelles que soient leurs alliances", affirme-t-il.
Abou Bakr al-Baghdadi s’en prend aux "nations infidèles et en premier lieu l'Amérique, la Russie et l'Iran" qui mènent avec leurs alliés sur le terrain des offensives séparées contre le groupe en Syrie et en Irak, explique Wassim Nasr, journaliste de France 24, spécialiste des réseaux jihadistes. Mais dans cette allocution, "il se concentre surtout sur les ennemis locaux de l’EI qu’il qualifie d’’apostats’, c’est-à-dire les Turcs, les Saoudiens et les rebelles syriens".
Baghdadi apl les Syriens à se mobiliser face à un ennemi affaibli / félicite les jihadistes de tes les autres provinces & les apl à tenir
Wassim Nasr (@SimNasr) 28 septembre 2017Le chef de l’organisation terroriste fait également allusion aux médias occidentaux, déclarant : "Oh, soldats de l'islam, partout où vous êtes, intensifiez les coups que vous portez, et prenez pour cibles les organes de presse des infidèles et tous les lieux où ils livrent leur guerre de la pensée !".
Référence à la Corée du Nord
Les États-Unis ont indiqué effectuer des vérifications sur l'enregistrement audio, affirmant toutefois ne pas avoir de raisons de mettre en cause son authenticité. On ignore la date d'enregistrement du discours. Il semble faire allusion à de récents événements, comme les menaces de la Corée du Nord contre le Japon et les États-Unis, et la reprise de la totalité de Mossoul il y a deux mois par les forces irakiennes.
"Tous ces marqueurs laissent penser que le message date d’un mois maximum, analyse Wassim Nasr. De fait, Abou Bakr al-Baghdadi insiste surtout sur l’affaiblissement des États-Unis, en disant qu’aujourd’hui la vraie puissance, c’est la Russie. C’est elle qui mène la danse, selon lui, c’est elle qui intervient en Ukraine et a pris la Crimée sans que les puissances européennes ni les États-Unis puissent avoir une réponse adéquate. Tout cela a pour but de dire à ses partisans : ‘Attendez, les puissances vont s’affaiblir d’elles-mêmes, elles vont se battre entre elles parce que leurs intérêts ne concordent pas'."
Baghdadi évoque la crise avec la Corée du Nord, ce qui installe l'audio dans le temps
Wassim Nasr (@SimNasr) 28 septembre 2017Rumeurs
Les rumeurs vont bon train depuis plusieurs semaines sur le sort du dirigeant, dont les hommes ont perdu une grande partie du territoire sous leur contrôle en Irak et en Syrie. Sa mort a été annoncée à maintes reprises depuis qu'il a proclamé un califat en 2014.
Aux alentours du 20 juin 2017, le ministère russe de la Défense avait déclaré que l'aviation russe l'avait sans doute tué lors d'un raid dans les faubourgs de Raqqa, en Syrie. L'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) avait affirmé en juillet avoir confirmation de sa mort, mais, quelques jours plus tard, le Pentagone estimait qu'il était probablement toujours en vie.
Lors de sa dernière manifestation, en novembre 2016, Abou Bakr al-Baghdadi était alors sorti d'un an de silence pour exhorter, dans un enregistrement sonore, ses hommes à résister jusqu'au martyre à l'assaut des forces irakiennes lancé en octobre pour reprendre la ville de Mossoul. Ses partisans l'appellent "le fantôme" tant ses apparitions sont rares.
Avec AFP et Reuters