Les tombes musulmanes du cimetière militaire d'Arras, dans le Pas-de-Calais, ont été recouvertes d'écritures à caractère raciste dans la nuit de dimanche à lundi. C'est la troisième profanation en deux ans dans ce cimetière.
AFP - Environ 500 tombes du carré musulman du cimetière militaire Notre-Dame-de-Lorette, près d'Arras, ont été profanées dans la nuit de dimanche à lundi par des tags à caractère raciste et des croix gammées, pour la troisième fois en deux ans.
Sur plusieurs centaines de tombes du carré musulman, qui compte en tout 576 sépultures orientées vers La Mecque, de grandes lettres tracées à la peinture noire forment des inscriptions insultant la religion musulmane et citant également nommément la ministre de la Justice Rachida Dati, a constaté un journaliste de l'AFP.
Sur quelques sépultures, des croix gammées ont également été tracées, et au moins une affichette insultant l'islam a été collée sur une stèle.
Les dégradations ont été découvertes lundi matin, jour de la fête musulmane de l'Aïd el-Kebir, par un promeneur, a précisé à la presse sur place le procureur de la République d'Arras Jean-Pierre Valensi.
"A priori, cela semble ressembler à la précédente profanation", commise en avril 2008, a ajouté M. Valensi.
Le cimetière militaire a déjà été profané à deux reprises depuis 2007: dans la nuit du 5 au 6 avril 2008, 148 tombes avaient été recouvertes d'inscriptions injurieuses visant directement l'islam, et dans la nuit du 18 au 19 avril 2007, 52 tombes musulmanes avaient également été profanées.
Depuis la profanation d'avril 2008, "il y a eu un renforcement aléatoire et à certaines dates de la surveillance du cimetière, mais cette nuit (de dimanche à lundi) une patrouille est passée vers minuit, et n'a rien remarqué. Il n'y avait aucun véhicule suspect", selon le colonel Bruno Bresson, commandant du groupement de gendarmerie du Pas-de-Calais.
"C'est un site complètement ouvert, extrêmement difficile à garder. Il y a une étude en cours pour renforcer la surveillance du site", a ajouté l'officier.
Quelque 80 gendarmes étaient dès lundi matin à pied d'oeuvre et plusieurs centaines devraient prendre part à l'enquête.
Dans un brouillard à couper au couteau, des techniciens de l'identification criminelle, qui ont monté une tente noire à l'entrée du carré musulman, travaillaient déjà lundi en fin de matinée à relever des indices sur place.
Cette nouvelle profanation a immédiatement entraîné la condamnation de nombreux responsables politiques, le président de la République Nicolas Sarkozy évoquant un "racisme répugnant" et la première secrétaire du PS Martine Aubry "une blessure pour tous les Français".
Dans l'enquête sur la profanation d'avril, deux jeunes hommes d'une vingtaine d'années, revendiquant des idées proches du néo-nazisme mais niant les faits, ont été mis en examen et écroués mi-septembre. Ils ont été récemment laissés libres sous contrôle judiciaire.
L'un des deux - qui comparaissait alors avec un autre jeune - avait déjà été condamné en mai 2007 à deux ans de prison, dont un ferme, pour la profanation des 52 tombes musulmanes du même cimetière en avril 2007. Il avait bénéficié d'une libération anticipée.
Inauguré en 1925 sur 13 hectares, le cimetière Notre-Dame-de-Lorette, situé sur une colline, commémore notamment les combats de 1915, à l'un des endroits les plus disputés du front occidental au début de la Première Guerre mondiale.
Environ 40.000 combattants y reposent, dont la moitié dans des tombes individuelles. Le carré musulman compte 576 tombes orientées vers La Mecque.