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Ouverture des bureaux de vote pour la présidentielle

Les Kirghiz votent, ce jeudi, pour élire leur président. Accusé d'intimider ses opposants ainsi que les rares médias indépendants du pays, l'actuel chef de l'État, Kourman Bakiev (photo), paraît assuré de conserver le pouvoir.

AFP - Le Kirghizstan élit jeudi son président, la victoire du chef de l'Etat sortant Kourmanbek Bakiev paraissant assurée, tandis que l'opposition dénonce des "fraudes massives" et appelle à manifester dès la fin du scrutin.

Quelques heures seulement après le début du vote dans cette ex-république soviétique d'Asie centrale - les bureaux étant ouverts de 08H00 (02H00 GMT) à 20H00 (14H00 GMT) - l'un des principaux partis d'opposition a accusé le gouvernement de fraudes électorales.

"Il y a des fraudes massives dans toute la république. On peut déjà parler d'une élection complètement illégitime", a affirmé le Parti social-démocrate, qui soutient le plus puissant des cinq candidats de l'opposition, Almazbek Atambaïev.

M. Atambaïev a annoncé que des milliers de partisans de l'opposition se rassembleraient dès la fermeture des bureaux de vote et iraient manifester devant la Commission centrale électorale.

"Je sais que je vais gagner, mais les gens devraient défendre leur voix aujourd'hui", a-t-il déclaré à des journalistes, alors que la victoire du président sortant, Kourmanbek Bakiev, ne semble pas faire de doute.

Signe des tensions autour de cette élection, M. Bakiev a sévèrement mis en garde l'opposition jeudi, affirmant que l'organisation de manifestations "illégales" ne serait pas tolérée.

"Nous allons réprimer, conformément à la législation, toute tentative d'organiser des troubles, et nous ne tolérerons pas de déstabilisation de la situation dans le pays", a indiqué le service de presse de la présidence.

Porté au pouvoir en 2005 par des manifestations à l'issue d'élections entachées de fraudes, le président kirghiz était omniprésent dans la campagne électorale.

Les chefs de l'opposition l'ont accusé d'user de la violence et d'intimider ses opposants politiques ainsi que les rares médias indépendants du pays. Six journalistes ont déjà été la cible d'attaques au Kirghizstan cette année, et l'un d'entre eux, Almaz Tachiev, en est mort.

"J'ai voté pour Atambaïev. Tout le monde dit en avoir marre de la corruption. Nous devons 'nourrir' la grande famille de Bakiev. L'opposition a promis de mettre fin à la corruption. Il faut lui donner une chance", dit Omor, 39 ans, électeur à Bichkek.

Mais pour de nombreuses personnes, M. Bakiev, qui a instauré une relative stabilité après quasiment une décennie de luttes politiques, reste encore la meilleure option.

"Je vais voter pour Bakiev parce qu'il fait des choses concrètes qui sont bonnes pour l'économie et pour le pays", a confié Anatoli, un retraité de 77 ans.

M. Bakiev est aussi un allié pour les Etats-Unis, le Kirghizstan ayant décidé fin juin de maintenir sur son territoire une base militaire américaine vitale pour les opérations de la coalition internationale en Afghanistan, après avoir menacé de la fermer.

Aux yeux des analystes, les seules inconnues du scrutin sont l'ampleur de la victoire attendue de M. Bakiev et les formes de protestations qui seront organisées par une opposition divisée dans ce pays encore instable, devenu indépendant en 1991 lors de l'effondrement de l'URSS.

Devant les risques d'irrégularités, l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), qui a déployé 300 observateurs pour surveiller le déroulement du scrutin, a déjà appelé les autorités à ne "pas manquer encore une opportunité sur la route de la démocratie".