
Un juge de Los Angeles a refusé, dans une décision publiée vendredi, de classer la très médiatique affaire Polanski. Le réalisateur franco-polonais est poursuivi pour agression sexuelle sur mineure.
Il s’agissait d’une demande conjointe de l’accusé et de la victime, mais l’affaire Roman Polanski ne sera pas classée. "L'accusé dans cette affaire est un fugitif qui refuse d'exécuter les ordres des tribunaux", a tranché le juge Scott Gordon dans une décision écrite rendue publique vendredi 18 août.
Selon lui, même si la clôture du dossier serait bénéfique pour la victime, Samantha Geimer, "la société a tout intérêt à ce qu'une justice équitable soit rendue, ce qui ne peut être satisfait que par la continuation des poursuites".
Samantha Geimer, 54 ans et 13 à l'époque des faits, avait imploré en juin dernier le tribunal de "clore cette affaire", déclarant que les procédures interminables minaient son existence et qu'elle avait pardonné à son agresseur.
Un impact "long et traumatique" sur la victime
Pour le juge, au contraire, le refus de l'accusé d'obéir aux ordres du tribunal et de s'y présenter pour recevoir sa condamnation", a eu un impact "long et traumatique" sur la vie de la victime. Il relève aussi que Roman Polanski, "à travers ses avocats, continue ses attaques contre chaque magistrat en charge du dossier (...). Une telle conduite ne constitue pas une base de clôture des poursuites", conclut-il.
Roman Polanski, 84 ans, est accusé d'avoir drogué Samantha Geimer et de l'avoir violée dans la maison de Jack Nicholson à Los Angeles en 1977, pendant que l'acteur était en voyage. Le réalisateur oscarisé avait reconnu avoir eu des relations sexuelles illégales avec une mineure et, en échange, le juge avait accepté de ne pas retenir d'autres chefs d'inculpation plus graves, notamment le viol avec fourniture et usage de drogue. L'accord juridique avait été obtenu avec le consentement de la famille et de leurs avocats.
Incompréhension dans le camp Polanski
Dans le camp Polanski, les réactions à ce nouvel épisode judiciaire n’ont pas tardé. Me Harland Braun, l'avocat du metteur en scène de films cultes comme "Chinatown" ou "Rosemary's Baby" affirme ne "pas comprendre" la décision du juge : "pourquoi le système [judiciaire] ne peut-il pas en finir avec une situation très simple?", s'est-il désolé, déplorant "la folie autour de cette affaire".
Il a répété que, selon lui, le litige pourrait être résolu en annulant un mandat d'arrêt contre M. Polanski et en l'autorisant à venir à Los Angeles pour y être condamné à 334 jours de détention, que le réalisateur a déjà purgés aux États-Unis et en Suisse.
Le réalisateur du "Le pianiste" avait passé deux mois en prison en Suisse, puis huit mois assigné à résidence dans son chalet à Gstaad, à la suite de son arrestation à Zurich en 2009, sur la base d'un mandat international lancé par la justice américaine. Après 42 jours en détention, il avait été libéré pour pouvoir terminer un tournage.
Une 3e femme accuse Polanski
Une autre femme est sortie de l'ombre pour accuser le réalisateur cette semaine. Identifiée seulement par le prénom Robin, elle a déclaré lors d'une conférence de presse à Los Angeles mardi qu'elle avait été "abusée sexuellement" par le célèbre cinéaste franco-polonais lorsqu'elle avait tout juste 16 ans, en 1973.
En 2010, l'actrice britannique Charlotte Lewis avait elle aussi déclaré que le réalisateur l'avait forcée à avoir une relation sexuelle lorsqu'elle avait 16 ans.
Avec AFP