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Des œufs aux plats, quels sont les risques de contamination par le fipronil ?

Il n'y a pas que les œufs qui peuvent être contaminés au fipronil. Le pesticide peut également se retrouver dans les plats cuisinés à partir d'œufs.

On ne fait pas certains plats sans casser des œufs, contaminés ou pas. Le scandale du fipronil, un pesticide potentiellement dangereux pour l’homme détecté dans des dizaines de millions d’œufs en Europe, a atteint la France, mardi 8 août. Cinq entreprises spécialisées dans la transformation de l’œuf pour les plats cuisinés ont importé des œufs contaminés.

Jusqu’à présent – en Allemagne, aux Pays-Bas ou encore en Belgique –, il était surtout question d’œufs à ne pas manger. Les supermarchés les ont retirés de leurs étals, leur vente a été stoppée et environ 180 élevages de poulets ont été mis à l’arrêt aux Pays-Bas.

Le fipronil attiré par la graisse

La France pourrait inaugurer la seconde étape de l’affaire. Les pâtes, plats cuisinés, certains desserts ou sauces, telles que la mayonnaise, héritent du fipronil contenu dans l’œuf contaminé qui a servi à leur fabrication. Ce pesticide "est attiré par la graisse et se loge naturellement dans le jaune d’œuf", qui contient environ 30 % de lipides, précise Anne-Christine Macherey, directrice de l’équipe de prévention du risque chimique du CNRS. Le jaune est la partie la plus communément utilisée pour la confection des plats cuisinés.

Le fipronil présente aussi une autre spécificité soulignée par les autorités sanitaires néerlandaises et allemandes : il résiste aux fortes chaleurs et persiste dans les aliments après la cuisson. C’est d’ailleurs cette caractéristique, ajoutée à sa toxicité, qui a poussé les autorités européennes à interdire l'usage de ce pesticide pour traiter les animaux destinés à l’alimentation.

Le risque de présence de fipronil dans des plats est d’autant plus important que la contamination des poulets au Pays-Bas, d’où viennent la plupart des œufs en cause, semble remonter à plusieurs mois. La Belgique, où est installé le fabricant du produit contenant le pesticide controversé, a assuré, mercredi 9 août, avoir alerté les autorités néerlandaises du problème dès novembre 2016. Le commerce de ces œufs a pourtant continué jusqu'à ce que le scandale éclate, le 4 août dernier.

Danger plutôt faible

La quantité de pesticide toxique dans le plat final dépend tout d’abord de la teneur de fipronil dans le jaune. Ensuite, "il faut établir si des œufs contaminés ont été mélangés à d’autres qui ne le sont pas, ce qui peut diluer le niveau de fipronil", souligne Anne-Christine Macherey.

Elle assure que cela peut aller de "quelques traces à une teneur en fipronil identique à celle dans le ou les jaunes utilisés". Le risque sanitaire d'un plat contaminé est équivalent ou inférieur à celui de manger les œufs contenant le finopril.

En d’autres termes, le danger est plutôt faible. Selon les autorités sanitaires allemandes, un adulte doit avaler l’équivalent de 20 œufs contaminés au fipronil, soit un énorme gâteau, pour que les effets néfastes – sur le foie ou le système nerveux – se fassent sentir.