Confronté à la déferlante de La République en marche aux législatives, Les Républicains jouent le statu quo en attendant le second tour. Mais déjà la bataille à venir entre "constructifs" et conservateurs se prépare en coulisses.
Surtout ne rien faire ou ne rien dire qui pourrait coûter davantage de sièges. Avec des projections qui ne font état que de 70 à 110 députés à l’issue du second tour des élections législatives, dimanche 18 juin, Les Républicains (LR) veulent éviter d’ajouter au désastre de la défaite le spectacle de la division de leurs troupes.
Submergée par La République en marche (LREM) jusque dans des circonscriptions réputées imperdables, y compris dans ses bastions de Paris et des Hauts-de-Seine, la coalition LR-UDI risque de voir le nombre de ses députés fondre de moitié par rapport au quinquennat écoulé. Le débat sur la ligne politique du parti attendra donc la semaine prochaine.
"Nous sommes sur un chemin de crête avec deux versants nord", a reconnu le chef de file Les Républicains pour les législatives, François Baroin, lundi 12 juin, à l’occasion d’un bureau politique qui a rassemblé une cinquantaine de participants. "La seule priorité jusqu'à dimanche est de soutenir nos candidats. Et après seulement, nous aborderons les sujets fondamentaux au lendemain du second tour", a ajouté le secrétaire général de LR, Bernard Accoyer.
Ainsi, François Baroin s’est rendu lundi après-midi dans les Hauts-de-Seine pour soutenir Constance Le Grip, en ballotage défavorable face à un candidat LREM, tandis que Jean-Pierre Raffarin est allé apporter son soutien à Nathalie Kosciusko-Morizet, largement distancée par le candidat LREM dans la 2e circonscription de Paris.
Lors de leurs déplacements, les responsables LR martèleront tout au long de la semaine leurs principaux arguments de campagne, qui restent inchangés par rapport au premier tour : outre "le danger" de voir se constituer un "parti unique" à l’Assemblée nationale, la hausse de la CSG infligera aux Français "un choc fiscal encore pire que celui de Hollande", répète notamment François Baroin.
Entre "constructifs" et conservateurs, deux lignes s’opposent chez LR
Mais si les débats internes sont remis à l’après-législatives, ils sont d’ores et déjà dans toutes les têtes. "De toute façon, cette reconstruction est indispensable. Il ne faut pas qu'on reparte sur les folies que nous avons connues ces derniers mois ou ces dernières années", a estimé Jean-François Copé devant la presse, en marge du bureau politique.
La question essentielle, et qu’il faudra trancher rapidement, est celle de l’attitude à adopter vis-à-vis d’Emmanuel Macron, du gouvernement d’Édouard Philippe et de La République en marche, notamment lorsqu’il s’agira de voter ou non, début juillet, la confiance au gouvernement après le discours de politique générale du Premier ministre.
Plusieurs personnalités chez Les Républicains ont déjà fait savoir qu’elles étaient favorables au vote de confiance, parmi lesquelles Thierry Solère ou Frank Riester, deux candidats épargnés par LREM qui n’avait pas investi de candidats face à eux. Ces "constructifs", comme ils se surnomment, estiment qu’il faut accorder au président de la République "la présomption de confiance", selon le mot de l’ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, et se disent prêts à travailler avec le gouvernement.
À l’opposé, les tenants d’une ligne plus dure, conservatrice et identitaire, se font plus discrets jusqu’à présent, à l’image de Laurent Wauquiez qui ne s’est pas rendu au bureau politique de LR lundi matin, mais pèseront de tout leur poids dès la fin du scrutin.
Entre ces derniers et les "constructifs", le clivage pourrait donner lieu à une scission et aboutir à la constitution de deux groupes à l’Assemblée nationale. Le "séisme politique" évoqué par Bernard Accoyer serait alors total. À moins qu’une ligne médiane, que semble vouloir incarner Xavier Bertrand, ne finisse par l’emporter. "Un député qui se rallie, non, un député le couteau entre les dents, non", a-t-il résumé lundi sur BFM TV.