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Ali Bongo désigné candidat du parti de son défunt père

La Commission électorale propose de fixer la date de la présidentielle au 30 août. Parmi les candidats déclarés à la succession d'Omar Bongo, mort le 8 juin, figure son fils Ali qui portera les couleurs du Parti démocratique gabonais (PDG).

Ali Bongo peut officiellement se réjouir. Après avoir longtemps tu ses ambitions présidentielles, le fils du défunt chef de l’État gabonais, Omar Bongo Ondimba, pourrait bien récupérer les clés du palais du bord de mer. Mercredi, le bureau du Parti démocratique gabonais (PDG, au pouvoir) l’a choisi pour représenter ses couleurs lors de l’élection présidentielle, qui, sur proposition de la Commission électorale gabonaise, devrait se dérouler le 30 août prochain. A moins que le Conseil des ministres ne juge la tenue du scrutin trop prématurée.

La désignation d’Ali Bongo a été "arrêtée aujourd'hui par le bureau politique, a déclaré, mercredi à l'AFP, Faustin Boukoubi, secrétaire général du PDG". Un choix confirmé le dimanche suivant par le congrès, instance suprême du parti, et critiqué par l’opposition. "C’est un choix antidémocratique", s’insurge Ben Mubamba de l’association Acteurs libres de la société civile gabonaise.

De fait, dans son édition datée des 11 et 12 juillet, le quotidien gabonais "L'Union" faisait état de "tractations de couloirs (...) pour tenter d'amener à la raison ceux qui s'opposent au choix de la hiérarchie".

Une population "effrayée"

"Au moins son père avait la décence de convoquer un congrès. Lui, il s’est fait adoubé de manière soviétique par un collège de 18 membres", dénonce Ben Mubamba pour qui le fils Bongo surfe sur l’émotion suscitée par la mort d’Omar Bongo pour s’assurer les voix d’une population "effrayée".

Car Ali Bongo est loin de séduire les Gabonais qui craignent d’assister à l’avènement d’une république dynastique. Nombre d'entre eux le considèrent même comme un étranger. Né au Congo-Brazzaville en 1959, Alain Bernard Bongo (de son nom de naissance) a passé une partie de son enfance en France, loin du Gabon où il aurait pu se familiariser avec ces langues locales qui lui font défaut. Au grand dam de ses concitoyens, qui, pour certains d’entre eux, n’hésitent pas à colporter la rumeur, aussi persistante qu'infondée, que le dauphin Bongo serait en réalité un Biafrais adopté par l’ancien président gabonais.

"Baby Zeus", comme on le surnomme parfois pour souligner sa moue d’enfant gâté, agace aussi une partie de la vieille garde du PDG et peine à s’attirer les faveurs de certains membres de sa famille. Sa sœur Pascaline, ancienne directrice de cabinet et bras-droit du défunt président, qui ne le soutenait pas se serait finalement rangée derrière la candidature de son cadet.

Omar Bongo lui-même aurait hésité à l’adouber, bien qu’il l’ait nommé ministre de la Défense en 1999, et ait plus récemment fait de lui l'un des vice-présidents du PDG. Deux postes qui lui ont rentrouvert la porte du palais présidentiel.

Ses hommes en place

Ministre de la Défense depuis ses 40 ans, Ali Bongo a patiemment choyé ses troupes, les équipant de véhicules Mercedes et d'uniformes neufs à chaque élection. Et a pris soin de placer ses proches aux postes stratégiques : l'état-major de l'armée, la gendarmerie, le Conseil national de sécurité, le renseignement militaire et la garde républicaine. Un mécanisme bien huilé qui ne laisse pas d’inquiéter l’opposition gabonaise.

Le décès de son père à peine annoncé, ce fêtard repenti a ordonné la fermeture des frontières du pays, "histoire de montrer que c'est lui qui tient le manche", affirme Antoine Glaser, directeur de "La Lettre du continent".