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Un berger chinois se bat pour obtenir la propriété d'une météorite géante tombée sur ses terres

Un berger de la province de Xinjiang, en Chine, est actuellement en procès contre le gouvernement qui lui a confisqué en 2011 la météorite géante tombée sur son terrain 30 ans plus tôt. Mais à qui appartiennent les météorites ?

C’était il y a plus de 30 ans : un berger de la province de Xinjiang, en Chine, se réveillait avec une gigantesque pierre noire métallique dans son champ. Pendant plus de deux décennies, l’éleveur de moutons a gardé précieusement ce qui s’avèrera être une des plus grosses météorites du monde. 17,8 tonnes, plus de deux mètres de long : à près de 300 dollars le kilogramme, la météorite de fer de Juman Reamazhaen pourrait valoir cher, très cher.

Raison de plus pour que le gouvernement s’en mêle. En 2011, des officiels locaux investissent le champ du berger et saisissent la pièce. La "découverte" fait alors les gros titres des journaux. Juman Reamazhaen, lui, ne compte pas laisser partir sa précieuse "pierre divine" si facilement. Il décide d’attaquer le gouvernement de la région de Xinjiang.

Berger vs. région autonome de Xinjiang 

Selon le New York Times, le procès inédit s’est ouvert il y a un mois et les juges devraient rendre leur verdict dans six mois. Pour l’avocat du berger et de sa famille, Sun Yi, la saisie du gouvernement est une aberration. "La météorite n’a pas été créée sur place, ni même sur Terre", explique-t-il dans une interview au quotidien américain. "Elle vient de l’espace, donc elle devrait appartenir à la première personne qui la découvre."

Sauf que dans le droit chinois, le sort des météorites reste flou. Mais la jurisprudence ne semble pas vraiment favorable au berger : le gouvernement communiste a introduit dans les années 1980 une règle qui veut que toutes les terres appartiennent à l’État. Locataire de ses terres depuis 1984, le champ de Juman Reamazhaen appartiendrait donc à l’État. Y compris ce qui tombe dessus ? En attendant de trouver un arrangement, la pierre serait gardée précieusement sous une cabane en bois à côté d’un bâtiment officiel de la région. Aucun travail de recherche scientifique n'aurait été mené sur le caillou, selon un avocat de la famille cité par le New York Times. 

Et en France ?

D'un pays à l'autre, la propriété des météorites diffère. En France, plusieurs cas de jurisprudence ont dessiné une législation sur le "droit des météorites" qui reste encore floue. 

Le 31 août 1842 : trois juges donnent raison à un homme ayant trouvé une météorite dans un champ. L’endroit n’ayant pas été clôturé, aucun signe d’effraction n’est constaté et les juges estiment que la précieuse pierre revient à celui qui l’a trouvée. Plus de 40 ans plus tard, en 1848, c'est une autre lecture que propose le tribunal civil d'Aix-en-Provence. Une météorite de 50 centimètres de diamètre trouvée dans un champ ne revient ni à celui qui a mis la main dessus, ni au fermier qui y travaillait, mais au propriétaire des lieux. La météorite s'étant "incorporée dans ses terres".  

Un groupe de travail, mené en partenariat avec le planétarium d'Épinal et le Muséum national d'Histoire naturelle, est actuellement en train de travailler sur un "droit des météorites" en France. Il devrait rendre ses premières conclusions cette année. 

En attendant la décision sur le sort du berger de Xinjiang, et une législation claire en France : en cas de découverte de météorite, mieux vaut, semble-t-il, être propriétaire de plein droit du terrain sur lequel les objets célestes ont terminé leur folle course.

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