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Dans un rapport, la Répression des fraudes soupçonne le constructeur Renault d'avoir triché lors des tests d'émissions polluantes de certains moteurs. La marque au losange dément mais, à la Bourse de Paris, son titre a essuyé un fort recul.

"Des stratégies frauduleuses" ont été mises en place depuis plus de 25 ans au sein de Renault pour fausser les tests d'homologation de certains moteurs, soupçonne la Répression des fraudes (DGCCRF) dans un rapport dont l’AFP et Libération ont eu connaissance, mercredi 15 mars.

Le numéro deux du constructeur automobile français, Thierry Bolloré, a apporté à l'AFP "un démenti formel" à ces accusations. "Renault ne triche pas [...] tous les véhicules ont été homologués conformément à la réglementation en vigueur", a-t-il assuré. La Bourse de Paris a toutefois mal réagi, le titre enregistrant à la clôture le plus fort recul du CAC 40 (-3,67 %), dans un marché quasi stable.

Dans le rapport, le gendarme de Bercy suspecte le constructeur automobile d'avoir utilisé "un logiciel" programmé pour parvenir à respecter les normes réglementaires européennes antipollution. Ce document se concentre sur des modèles récents, mais la DGCCRF, qui s'appuie sur le témoignage d'un ex-salarié, estime que certaines pratiques remontent à 1990.

Le PDG Carlos Ghon impliqué

La DGCCRF estime que "l'ensemble de la chaîne de direction de la société qui rend compte en dernier ressort à son PDG Carlos Ghosn" est impliquée. "Aucune délégation de pouvoir n'a été établie par M. Ghosn concernant l'approbation des stratégies de contrôle utilisées pour le fonctionnement des moteurs", relève notamment la Répression des fraudes qui conclut à "la responsabilité" du PDG de Renault.

L'enquête du gendarme de Bercy se concentre sur les moteurs diesel Euro 5 et Euro 6, homologués à partir de septembre 2009. Le document met en lumière des écarts importants entre les performances de certains d'entre eux au moment de leur homologation en laboratoire et leur utilisation en conditions réelles, en particulier les modèles Renault Captur et Clio IV qui dépasseraient le seuil réglementaire d'émission de dioxyde de carbone respectivement de 377 % et de 305 %.

Les conclusions de la DGCCRF, rendues en novembre, ont largement contribué à l'ouverture de l'information judiciaire le 12 janvier par le parquet de Paris visant Renault pour "tromperie sur les qualités substantielles et les contrôles effectués".

Ces soupçons rappellent le scandale Volkswagen, qui a reconnu en septembre 2015 avoir équipé 11 millions de ses véhicules diesel à travers le monde d'un logiciel destiné à tromper les contrôles anti-pollution. Partie des États-Unis, cette affaire a coûté pas moins de 23 milliards de dollars au géant allemand dans ce pays.

Avec AFP