Le parti d'Emmanuel Macron a été la cible vendredi de deux attaques à caractère antisémite de la part d'adversaires. Un tournant du plus mauvais goût dans une campagne déjà prise en otage par les affaires Fillon et Le Pen.
Déjà qualifiée d’historique par son imprévisibilité et les affaires qui l’émaillent, la campagne présidentielle française a pris vendredi 10 mars un virage plus inquiétant, lorsque le mouvement En Marche ! d'Emmanuel Macron a été la cible d’attaques aux relents antisémites.
Les Républicains ont publié sur twitter une caricature d’Emmanuel Macron entouré de ses soutiens et reprenant tous les codes de l’iconographie antisémite des années 1930. L’ancien ministre de l’Économie y est représenté avec un nez crochu, un chapeau haut de forme, un cigare à la main et une faucille rouge utilisée comme coupe-cigare.
"L'usage de vocables et de représentations puisant dans l'imaginaire antisémite est extrêmement préoccupant pour la qualité républicaine des débats, mais aussi pour l'état d'esprit qui prévaut dans certains états-majors", a dénoncé auprès de l'AFP le porte-parole d'En Marche !, Benjamin Griveaux.
Alain Jakubowicz, le président de la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme (Licra) a, lui aussi, exprimé sa consternation vendredi sur France Info : "C'est absolument terrifiant. Je ne sais pas si j'ai envie de hurler, de pleurer ou de tout laisser tomber."
Face au tollé que cette image a provoqué sur les réseaux sociaux, elle a été remplacée par une photographie d’Emmanuel Macron. Sur son compte Twitter, le parti a assuré vouloir "éviter toutes polémiques inutiles".
Le secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer, a également présenté ses excuses dans un communiqué publié en soirée. "Je tiens à rappeler l’engagement total de notre mouvement pour défendre les valeurs de la République", précise-t-il dans le texte.
"La comparaison d’En Marche ! avec les chambres à gaz est un point de non-retour"
Quelques heures plus tôt, l’ancien candidat à la primaire citoyenne, Vincent Peillon, interrogé sur France Info sur ses propos tenus mercredi et selon lesquels Emmanuel Macron serait la "vérification expérimentale des propos de [Marine] Le Pen" sur l'"UMPS", a expliqué qu’"il semblerait qu'il y ait des gens de l'UMP et du PS qui se mettent ensemble".
Puis, il se lance alors dans une comparaison confuse et étrange, tout en disant s'appuyer sur des faits : "Vous savez, il y a quelque chose heureusement de têtu dans l'Histoire, c'est comme ça que l'on sait qu'il y a eu des chambres à gaz, et qu'on ne peut pas le nier, il y a aujourd'hui des gens de l'UMP, il me semble (Jean-Paul) Delevoye, il y a des gens du PS, il me semble (Bertrand) Delanoë…".
"Les choses sont donc claires : pour parvenir à leurs fins, [les adversaires d’Emmanuel Macron] considèrent que tous les moyens sont bons, y compris celui consistant à emprunter désormais aux pires ficelles de la famille Le Pen. Les propos entendus ce matin n’ont en effet rien à envier à ceux tenus par les dirigeants du parti Front National", a réagi le porte-parole d’En Marche ! dans un communiqué publié sur Facebook.
Considérant "la comparaison d’En Marche ! avec les chambres à gaz" comme un "point de non-retour", le mouvement a demandé à Benoît Hamon "la mise à l’écart définitive de Monsieur Peillon de la campagne présidentielle".
"Je refuse cette polémique, il est malhonnête et irresponsable de vouloir faire croire que j'ai établi une comparaison entre ce mouvement politique, En Marche !, et un épisode tragique de l'histoire", a déclaré l’intéressé auprès de l'AFP. "J'ai voulu rappeler qu'on a le droit de dire des faits, et qu'il faut faire attention à ceux qui tentent de les manipuler, tout comme il ne faut pas manipuler l'opinion en faisant croire à un amalgame que je n'ai pas fait", a-t-il ajouté. Consentant "une maladresse", il a précisé qu'il n'était "pas question de retrait".