L'alternative Alain Juppé prend du poids. Le Conseil constitutionnel a enregistré vendredi le premier parrainage en sa faveur pour la présidentielle, alors que des élus de droite mènent l'offensive pour qu'il remplace François Fillon.
Depuis que François Fillon a annoncé qu'il était déterminé à maintenir sa candidature à la présidentielle, malgré l’annonce de sa convocation mi-mars chez les juges et les nombreuses défections jusqu’au sein même de son équipe de campagne, de nombreux élus de droite s’activent, en coulisses et en public, pour obtenir son replacement par Alain Juppé.
Les soutiens du maire de Bordeaux, finaliste malheureux de la primaire de la droite et du centre, ont même enclenché sans tarder la course aux 500 parrainages d’élus, essentiels pour valider une candidature éventuelle de dernière minute.
Une course contre la montre
Et pour cause, si les candidats investis par les principaux partis sont lancés dans le processus de récolte de signatures depuis plusieurs mois, et n'auront aucune difficulté à comptabiliser le moment venu leurs parrainages, le cas d’Alain Juppé n’est pas aisé, car le temps presse.
En effet, la règle est stricte : les 500 parrainages des candidats à la présidence de la République doivent être transmis au Conseil constitutionnel d'ici au 17 mars à 18 heures, date de clôture de la procédure. Ce n’est que quelques jours plus tard (le 20 ou 21 mars), que la juridiction rendra publique la liste officielle des candidats.
Encore faut-il pouvoir réunir les 500 signatures dans un laps de temps aussi court. Le réservoir théorique de soutiens des Républicains compte plusieurs milliers d’élus parmi les plus de 40 000 parrains habilités, mais les signataires qui ont déjà accordé leur parrainage à François Fillon ne peuvent pas lui retirer leur soutien, et un élu "ne peut valablement adresser qu’un seul parrainage", selon la loi en vigueur. Celle-ci prévoit qu’en cas "de présentations multiples par un même parrain, seule la première reçue par le Conseil constitutionnel peut être regardée comme valablement adressée".
Une fois cette étape cruciale franchie, il suffira à Alain Juppé, s’il est candidat, de se déclarer par écrit auprès du Conseil constitutionnel et de produire une déclaration de patrimoine. Du reste, l’AFP indique ce vendredi que le maire de Bordeaux a fait savoir par son entourage qu’il ne se "défilera[it] pas", à deux conditions : si "François Fillon se retire de lui-même" et s'il obtient un soutien "unanime" de son parti.
Les parrainages commencent à arriver au Conseil constitutionnel
C’est dans ce sens que ces proches mènent l’offensive pour convaincre des parrains potentiels. "François Fillon a déjà ses parrainages [il en compte 1 150 à l’heure actuelle, selon le site du Conseil constitutionnel], et s’il persistait, il pourrait déjà être candidat, mais s’il devait renoncer de lui-même, j’appelle à parrainer Alain Juppé pour lui permettre d’être candidat à partir du 17 mars, car après il sera trop tard", explique Pierre-Yves Bournazel, conseiller de Paris, à France 24. Pour justifier sa démarche, l'ancien porte-parole de l’ancien Premier ministre de Jacques Chirac lors de la primaire, affirme qu’avec François Fillon, la droite et le centre sont "en train d’aller vers une défaite".
Même son de cloche du côté des sarkozystes, où le parlementaire Georges Fenech a demandé aux élus de parrainer le maire de Bordeaux, "seul selon lui à pouvoir reprendre le flambeau". De son côté, le député de Seine-et-Marne et proche de Bruno Le Maire, Franck Riester, n'a pas hésité à publier sur Twitter une photo de son formulaire de parrainage signé en faveur du maire de Bordeaux.
Selon Le Parisien, le Conseil constitutionnel aurait déjà reçu plusieurs parrainages pour Alain Juppé. Son nom est d’ailleurs apparu aujourd’hui sur la liste des "parrainés" publiée sur le site du Conseil constitutionnel et qui est actualisée deux fois par semaine. Alors qu’il reste silencieux, il ne compte pour l’instant qu’un seul soutien officiel validé par la juridiction. En attendant les 499 autres, l’histoire retiendra qu’il s’agit de celui de Marie-Claude Jarrot, maire de Montceau-les-Mines (Saône-et-Loire).