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Le français Kevin G., qui se dit "un repenti" de l'organisation de l'État islamique, a été mis en examen et écroué samedi. Il a été transféré vendredi en France depuis la Turquie, où il s'était rendu aux autorités en quittant la Syrie.

Visé par un mandat international, Kevin G., l'un des premiers Français à être parti se battre en Syrie aux côtés de groupes terroristes, a été mis en examen et écroué samedi 21 janvier. Il a été présenté à un juge d'instruction au lendemain de son retour en France, après s'être rendu aux autorités turques pour quitter les rangs de organisation de l’État islamique (EI), a indiqué une source judiciaire.

Le jeune homme, devenu une figure du jihadisme et qui se dit désormais "repenti" de l’EI, a été mis en examen pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et financement du terrorisme, a précisé la source.

Soupçonné d'avoir été un recruteur de l’EI, le Français de 24 ans a rejoint la Syrie fin 2012, d'abord dans les rangs du Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, avant d'intégrer l’EI.

Liste noire des combattants les plus dangereux

Également soupçonné d'avoir joué un rôle dans le financement de l'organisation terroriste, l'ONU l'avait placé le 23 septembre 2014 sur sa liste noire des combattants les plus dangereux, faisant ainsi l'objet de sanctions internationales et d'interdictions de voyager.

En juin 2016, il a quitté la Syrie avec ses quatre femmes et leurs six enfants, adressant une lettre aux autorités françaises dans laquelle il dit être "un repenti" de l'EI. Il a été interpellé en Turquie et incarcéré dans l'attente d'un procès.

Quelques semaines après avoir expulsé ses quatre femmes vers la France, où elles ont été mises en examen pour "association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste" et placées en détention entre octobre et novembre 2016, les autorités turques ont finalement décidé de remettre le jihadiste aux autorités françaises.

"Il utilisait sa mère pour financer ses activités terroristes"

Le jeune homme, d'origine bretonne, se serait converti à l'âge de 14 ans. La justice française s'est intéressée à lui en 2014, après le départ d'une mineure, originaire de Troyes (Aube) pour la Syrie. L'adolescente avait finalement été récupérée par sa famille en Allemagne, mais l'enquête avait établi qu'elle avait été recrutée, via les réseaux sociaux, par Kevin G.

Les enquêteurs ont aussi découvert qu'"il utilisait sa mère pour financer ses activités terroristes", d'après une source proche du dossier. Cette dernière recevait des mandats en provenance de plusieurs pays étrangers destinés à son fils et les envoyait, via Western Union, à un destinataire en Turquie, selon cette source. En octobre 2014, elle avait été mise en examen et placée sous contrôle judiciaire avec son compagnon et une autre jeune femme.

Zones d’ombre pour les enquêteurs français

Désormais sur le sol français, les autorités espèrent que Kevin G. pourra livrer des informations précieuses sur l'organigramme et le financement de l'EI. Mais son parcours comporte de nombreuses zones d'ombre et les enquêteurs se demandent pourquoi il a pris contact avec la France et surtout s’il est véritablement repenti, comme il le prétend.

Radicalisés et jihadistes français en chiffres. #AFP pic.twitter.com/NAd3dE7xgJ

— Agence France-Presse (@afpfr) 27 septembre 2016

Environ 700 Français se trouvent actuellement en Irak et en Syrie aux côtés de l’EI, selon les autorités françaises, et plus 200 jihadistes français sont morts en Syrie. Au 31 décembre 2016, 348 personnes étaient mises en examen en France pour association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste.

Avec AFP