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Charlie Hebdo : deux ans après, "il y a une susceptibilité qui est encore plus grande"

Deux ans après la tuerie qui a décimé Charlie Hebdo, que reste-t-il de la liberté d'expression incarnée par la rédaction du journal satirique ? Pour Riss, le directeur de la publication, la situation est encore plus sensible.

Le 7 janvier 2015, il y a deux ans jour pour jour, la rédaction du journal satirique Charlie Hebdo a été décimée par deux terroristes islamistes. À travers les 11 victimes tombées rue Nicolas-Appert, à Paris, c’est la liberté d’expression qui avait été attaqué ce jour-là.

Aujourd'hui, alors que plusieurs commémorations sont organisées en hommage aux victimes, que reste-t-il de cette liberté, qu’est devenu l’esprit Charlie ?

Interrogé par France Inter, Riss, le directeur de la publication de l'hebdomadaire satirique, qui avait été blessé lors de l'attaque, estime que, deux ans après la tuerie, la situation est encore plus sensible, même si la liberté d’expression reste capitale.

"En ce qui concerne Charlie, quand on fait certains dessins, maintenant, il y a des réactions internationales virulentes, de Russie, de Jordanie et d’Italie, a-t-il déploré. On a l’impression qu’il y a une susceptibilité qui est encore bien plus grande qu’avant par rapport à l’humour et à la satire". Et d’ajouter : "Sur le papier, la liberté existe toujours mais son exercice est plus timoré".

"Charlie est mort le 7 janvier"

De son côté, Zineb El Rhazoui, reporter de Charlie Hebdo, qui ne se déplace plus sans protection policière, a estimé que "Charlie est mort le 7 janvier". La journaliste de 35 ans, qui a formalisé son départ de la rédaction, explique à l’AFP avoir "l'impression" que Charlie Hebdo suit "une ligne éditoriale exigée par les islamistes avant les attentats, c'est-à-dire que Mahomet n'est plus dessiné". Elle s’est 'interrogée "sur la faculté" de l'hebdomadaire "de continuer à porter le flambeau de l'irrévérence et de la liberté absolue".

Mardi, le directeur de la publication déclarait : "Si demain on met en couverture une caricature de Mahomet, qui va nous défendre ? Personne, à part un ou deux intellectuels. On nous dira: 'Vous êtes fous, vous l'avez bien cherché.'".

Zineb El Rhazoui, qui a publié en octobre un essai intitulé "Détruire le fascisme islamique", aux éditions Ring, affirme comprendre que Charlie Hebdo se sente trop "seul à monter au front" mais "il ne faut pas que nos collègues soient morts pour rien. Si cela ne tenait qu'à moi, je continuerais". Et d'affirmer être "toujours Charlie, évidemment".

Avec AFP