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Les voyageurs dénoncent l'insécurité de la ligne Sanaa-Moroni

Les habitués du vol Sanaa-Moroni de la Yemenia ne veulent pas croire aux mauvaises conditions météorologiques pour expliquer l'accident de l'A310 au large des Comores. Ils mettent en cause les "avions poubelles" de cette ligne.

"Cela devait arriver." Ainsi peut-on résumer les réactions de la communauté comorienne de France après l’accident, ce mardi matin au large des Comores, de l’A310 de la Yemenia qui transportait 153 personnes à son bord.

Les autorités évoquent les mauvaises conditions météorologiques, sans pour autant expliquer l’accident par ce seul facteur. Mais certains témoignages reçus et recueillis par FRANCE 24 font état des mauvaises conditions de vol sur la ligne Saana-Moroni.

"Cela fait plusieurs années que je prends les vols de Yemenia. Ne parlons pas de leur organisation dans l'aéroport, ou de l'hygiène à bord car il y a de quoi publier un roman. […] A bord, il arrive que certains sièges n'aient pas de ceinture de sécurité ou que le siège se penche tout seul", déplore un internaute.

"Comme si on était du bétail"

"Je ne sais pas ce qu'il s'est vraiment passé, mais ce que je sais, c'est que Yemenia Airways fait voyager les gens comme si on était du bétail, écrit de son côté Ahamada Sitty. On part de Marseille ou de Paris avec des avions en très bon état et lorsqu'on arrive à Sanaa le calvaire commence : les passagers doivent changer d'avion, même si ça n'était pas prévu, certains passagers sont laissés sur le tarmac et ceux qui ont la chance d'embarquer le font dans des avions délabrés et dont la sécurité laisse à désirer."

Quant à Nadia, elle évoque l’expérience vécue avec sa famille en 2005. "Nous avons été pris en otage à l’aéroport de Sanaa durant 4 nuits et 5 jours de torture morale, témoigne-t-elle. Yemenia fait partir des passagers de Paris dans de grands, beaux et confortables avions et pendant l’escale au Yémen, les passagers sont débarqués pour voyager dans des contions déplorables de sécurité dans des avions bien plus petits pour finir le voyage jusqu’à Moroni."

Président du Conseil comorien de France, Saïd Mchamgama rapporte à FRANCE 24 ce même sentiment d’insécurité. "Il est arrivé que des Comoriens refusent d’embarquer depuis Sanaa, et que les autorités déploient la police pour obliger les gens à monter dans l’avion", dit-il.

La plupart des passagers étaient en transit

L'association SOS-Voyages aux Comores a également dénoncé les conditions déplorables des vols entre Sanaa et Moroni pour les Comoriens vivant en France, assurés, selon elle, par "des compagnies poubelles". Le 11 août dernier, SOS-Voyages aux Comores a organisé une manifestation de 300 personnes à l'aéroport de Marignane pour réclamer de meilleures conditions de voyage vers les Comores. L’association reproche aujourd’hui à la France de n'avoir pas agi dans ce sens, malgré les démarches engagées.

L'A310-300 du vol IY626 exploité par Yemenia est entré en service en 1990. Il cumulait près de 51 900 heures de vols et a effectué 17 300 vols. Pour Gérard Felzer, ancien commandant de bord d’Air France, l’ancienneté de l’appareil n’a pas forcément d’incidences sur sa fiabilité. "Il ne faut pas confondre le confort passager et la sécurité de l’avion", explique-t-il sur l’antenne de FRANCE 24, avant de rappeler que "la compagnie n’est pas black-listée".

L’Airbus effectuait la liaison entre Sanaa, la capitale du Yémen, et Moroni, la capitale des Comores. La plupart des passagers embarqués étaient en transit.