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Majoritaires au Congrès, les républicains ont les moyens de défaire ce qu'Obama avait fait

correspondante à Washington – En renforçant la mainmise républicaine sur le Congrès, Donald Trump, le président nouvellement élu, a les moyens de gouverner. Avec quelles conséquences pour la vie politique américaine ? Éléments de réponse.

Non seulement Donald Trump sera le prochain président américain, mais il gouvernera en plus avec le soutien de la majorité parlementaire. Les élections au Congrès ont en effet elles aussi créé la surprise dans la nuit de mardi 8 au mercredi 9 novembre. Si comme prévu la Chambre des représentants est restée aux mains des républicains, le Sénat, que l'on s'attendait à voir basculer, a fait de même avec 51 sièges pour le parti de Donald Trump.

Sarah Rosier, qui couvre la politique fédérale chez Ballotpedia, l’encyclopédie en ligne des élections américaines, explique à France 24 les conséquences d'une telle configuration.

France 24 : Tout comme l'élection de Donald Trump, la course au Sénat a déjoué les prévisions. Que faut-il retenir de ce scrutin ?

Sarah Rosier : Le plus surprenant pour nous a été de constater à quel point les républicains ont bien tenu leurs sièges au Sénat. S’il est confirmé que les sièges du New Hampshire et de la Louisiane vont bien aux républicains, alors ces derniers n’auront perdu qu’un siège (actualisation : le New Hampshire a depuis été gagné par la démocrate Maggie Hassan, NDLR). Ça n’est pas ce que l’on attendait : les républicains avaient tellement de sièges à défendre que l’on pensait en voir plus d’un tomber. 
Le Wisconsin, notamment, est une grosse surprise, à la fois pour l’élection présidentielle et pour l’élection sénatoriale. Il est très intéressant de comparer les scores de Trump à ceux du candidat républicain dans un État donné. Dans le cas du Wisconsin, Donald Trump a obtenu 47,9 % des voix, mais le candidat au Sénat Ron Johnson a fait encore mieux avec 50,2 % des bulletins. Pourtant on s’attendait à une victoire démocrate pour ce siège.

Donald Trump dispose désormais d’une majorité au Congrès. Quelles seront les mesures que ce nouveau Parlement fera passer en priorité ?

L’un des premiers sujets à l’agenda sera probablement la santé. Les républicains ont déjà tenté par différentes manières de modifier ou de supprimer l’Affordable Care Act (réforme de santé baptisée "Obamacare", NDLR). Puisqu’il n’y aura plus de véto présidentiel, ils auront davantage de marges de manœuvre pour le faire. C’est d’ailleurs sûrement un sujet qui a favorisé l’élection de Donald Trump : en octobre, beaucoup citoyens ont pris connaissance de la future hausse de leur prime d’assurance. Ils l’avaient en tête une fois arrivés au bureau de vote.

L’immigration est aussi un des sujets qui devrait arriver rapidement sur la table. L’une des idées phares de Trump était celle d’un mur à la frontière mexicaine. Or, tous les sénateurs républicains ne sont pas favorables à cette idée. Certains, comme Rubio, poussent pour une réforme différente de l’immigration.

Enfin, il y a le commerce (les traités de libre-échange dénoncés par Trump, notamment, NDLR). Il est clair que Trump et les sénateurs républicains ont gagné cette nuit grâce à la "Rust Belt", les États du Midwest touchés par la désindustrialisation.

De manière générale, il y a beaucoup de sénateurs républicains qui doivent admettre leur erreur aujourd’hui : ils n’ont pas nécessairement soutenu Trump or, maintenant, il fait figure de leader du Parti. Il sera intéressant de voir quelle sera la relation entre l’administration Trump et ces élus pendant les six premiers mois.

Qui va désormais incarner l’opposition face à Donald Trump ?

Si les démocrates veulent tenir tête à une figure populiste comme Trump, très soutenu par la base, ils vont devoir trouver quelqu’un comme Elisabeth Warren (sénatrice du Massachusetts, NDLR), qui attire les classes populaires et défend - d’une manière différente que la sienne - les mêmes catégories démographiques que Donald Trump. Je pense qu’Elisabeth Warren va donc voir sa popularité grimper dans les prochaines années. Kirsten Gillibrand, sénatrice de New York considérée comme la protégée de Hillary Clinton, pourrait aussi être une étoile montante. Bernie Sanders, bien sûr, sera aussi de la partie. Il a eu un rôle tellement important pendant les primaires, et les gens se demandent maintenant ce qu’il se serait passé hier soir s'il avait été candidat à la place de Clinton. Parmi les voix montantes, on pourrait donc observer cette combinaison populaire Warren-Sanders, avec une figure plus traditionnelle comme Gillibrand.