À l’occasion du deuxième débat télévisé, organisé jeudi à Paris, les candidats à la primaire de la droite rendront leur copie sur le thème de l’éducation. Tour d’horizon des petites et grandes propositions des sept prétendants à la présidence.
Pas facile pour les candidats de la primaire de la droite et du centre de se distinguer sur le thème de l’éducation quand on appartient à la même famille politique, exception faite de Jean-Frédéric Poisson du Parti chrétien démocrate. Les sept candidats en lice devront pourtant afficher leur singularité lors du deuxième débat retransmis jeudi 3 novembre en direct sur BFMTV, RMC et iTELE.
Certes, les candidats ne devraient pas s’étriller, jeudi soir, sur des thèmes chers à la droite, comme la revalorisation de l'apprentissage des fondamentaux à l'école primaire. Ni sur la réforme des rythmes scolaires, chantier lancé par l’actuel gouvernement socialiste, très décrié depuis sa mise en place par l’opposition. En revanche, ils devraient veiller à placer leurs propositions phares durant leur précieux temps de parole.
Des propositions du CP à la troisième
Et en ce qui concerne les plus jeunes élèves, les idées ne manquent pas. Nicolas Sarkozy entend ainsi créer un "CP+", une classe préparatoire à effectif réduit destinée aux élèves qui montrent des difficultés d’apprentissage. Alain Juppé se différencie de ses concurrents par sa volonté d'engager des animateurs linguistiques dans les crèches pour favoriser l’apprentissage d’une langue étrangère dès le plus jeune âge.
François Fillon préconise l’avancement de la scolarité obligatoire de cinq ans à six actuellement ainsi que le port de l’uniforme. Une dernière proposition commune à Jean-François Copé, qui souhaite généraliser le lever de drapeau et le chant de "la Marseillaise" à tous les établissements de l’Hexagone.
Si tous les candidats ont en commun la volonté de maintenir le collège unique, Bruno Le Maire propose pour sa part un "collège diversifié" avec des options professionnalisantes proposées dès la sixième. Il suggère également une fusion des instituteurs et des enseignants de collège dans un corps unique de professeurs polyvalents, allant du CP jusqu’à la troisième.
Jean-Frédéric Poisson souhaite, quant à lui, faciliter l’installation des écoles hors contrat sur le territoire et milite pour le relèvement du ratio entre écoles publiques et privées. Plus polémique, Nathalie Kosciusko-Morizet s’est déclarée favorable à l’apprentissage de l’arabe dans les écoles arguant qu’"il vaut mieux que les gamins apprennent l’arabe dans un établissement public laïc qu’à la mosquée ou même dans le cadre d’une association".
Tous se rejoignent sur les vertus de l’apprentissage et entendent renforcer ces filières professionnalisantes. Mais pas de la même manière. Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy souhaitent faire passer l'âge minimum de l'apprentissage de 16 à 14 ans. François Fillon veut, lui, donner davantage de moyens en redéployant les fonds destinés aux emplois aidés vers l'embauche d'apprentis et augmenter leur rémunération. Bruno Le Maire assure vouloir fusionner les lycées professionnels, centres de formation des apprentis (CFA) et les groupements d'établissements pour la formation continue (Greta) afin de favoriser l’émergence de l'apprentissage et mieux intégrer les entreprises aux cursus.
Les candidats soumis à l’épreuve du baccalauréat
Difficile pour les candidats de faire l’impasse sur le baccalauréat dans leur programme. Soucieux de réduire les dépenses que ce diplôme génère, Alain Juppé a planché sur la réduction du nombre d'épreuves à quatre ou cinq, avec davantage de contrôles continus dans les matières restantes. Une idée qu’il partage avec Bruno Le Maire, qui souligne la nécessité de répartir ces épreuves aux classes de première et terminale. François Fillon plaide enfin pour une planification des épreuves du bac en juillet.
L'université est également au cœur des préoccupations des candidats. S’ils s’entendent globalement sur la nécessité d’accorder une plus grande autonomie aux facultés, ils ne sont pas d’accord sur les modes de sélection. Nathalie Kosciusko-Morizet et Nicolas Sarkozy veulent instaurer une sélection des étudiants à l’entrée de la Licence. Jean-François Copé, tout comme François Fillon, défend l’idée de soumettre les lycéens à des épreuves d'admissibilité dès la terminale pour accéder aux études supérieures.
Les professeurs chahutés par les candidats
Globalement, tous les candidats s’accordent à dire que les professeurs doivent accroître leur temps de présence dans leurs établissements respectifs. Mais tout de même avec des différences. Nicolas Sarkozy, qui a d’ailleurs déclenché l’ire des enseignants en déclarant que ces derniers ne travaillaient que six mois par an, - vacances scolaires comprises –, préconise une augmentation de 25 % leur temps de travail, en contrepartie d'une augmentation de salaire du même taux. Et ce n’est pas avec son autre mesure choc, qui consiste à supprimer 30 % des postes de professeurs en France, que l’ancien président de la République devrait se réconcilier avec le monde de l’Éducation nationale.
Alain Juppé réclame, lui, une nouvelle répartition de leur présence actuelle dans l’établissement qui ouvrira la voie à une augmentation de 10 % sur leur rémunération. François Fillon défend lui aussi l’idée d’augmenter leur temps de présence "pour accompagner les élèves" et développer le lien avec les parents moyennant une augmentation de salaire obtenue au mérite uniquement. Bruno Le Maire préconise aussi une présence plus accrue des enseignants, accompagnée d’une contrepartie financière, avec des horaires à effectuer par niveau : à l’école primaire, ils devront enseigner 26 heures par semaine, 20 heures par semaine au collège et 18 heures au lycée.
NKM se démarque une nouvelle fois des hommes, qui lui font face, en prônant la suppression du statut de fonctionnaires aux professeurs.
Les candidats entrent dans l’Histoire de France
Vient enfin le sujet qui divise le plus les candidats : l’apprentissage de l’Histoire. Directement en prise avec l’épineux débat sur l’identité nationale, chacun des candidats a une vision toute personnelle de la manière dont on doit étudier cette matière hautement politique. François Fillon propose ainsi de revoir in extenso le programme d’Histoire en primaire. "Si je suis élu président de la République, je demanderais à trois académiciens de s'entourer des meilleurs avis pour réécrire les programmes d'Histoire avec l'idée de les concevoir comme un récit national", a fait savoir l’élu sarthois lors d’un meeting à Sablé, le 28 août 2016. Jean-Frédéric Poisson, tout comme Bruno Le Maire, envisage un enseignement chronologique de l'Histoire.
Nicolas Sarkozy, qui a beaucoup fait parler de son "roman national", s’est échiné ces dernières semaines à fustiger les "idéologues du 'multiculturalisme'" propres à "détruire méthodiquement la transmission de notre Histoire nationale", lors de son meeting à Saint-André-lez-Lille, le 8 juin. Le candidat républicain veut que l’on apprenne "l'Histoire de France à l'école, pas l'histoire de ses parents".
Reste à savoir si ce deuxième débat restera dans les annales de la politique française. Réponse, jeudi 3 novembre à partir de 20 h 30 en direct sur BFMTV, RMC et iTELE.