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Ce qu'il faut retenir de la visite d'Emmanuel Macron en Chine
Dans un contexte de tensions entre Pékin et l'Union européenne, Emmanuel Macron a achevé une visite d’État de trois jours en Chine pour tenter d’avancer sur l’Ukraine, le commerce et le rééquilibrage économique. Malgré un accueil chaleureux, les résultats restent limités. France 24 fait le point. 
Le président chinois Xi Jinping et le président français Emmanuel Macron, à Dujiangyan, dans la province du Sichuan, dans le sud-ouest de la Chine, le 5 décembre 2025. © Sarah Meyssonnier, AFP

Un voyage sous les projecteurs et un accueil en grande pompe... mais pour quel résultat ? Le président français Emmanuel Macron a achevé vendredi 5 décembre sa visite d'État en Chine, la quatrième depuis 2017, pour retisser du lien avec Pékin, convaincre son homologue chinois Xi Jinping d'agir sur l'Ukraine et rappeler les attentes européennes sur le commerce. Trois jours de cérémonial et d'entretiens nourris… pour un bilan contrasté. 

  • Ukraine : la main tendue sans engagement concret 

Au cœur des discussions, la guerre en Ukraine a dominé la visite. Emmanuel Macron affirme avoir perçu chez Xi Jinping une "volonté de contribuer à la stabilité et à la paix", mais aucune avancée tangible n'a été obtenue. La Chine reste l'un des rares partenaires majeurs de Moscou, continue à s'approvisionner chez elle en hydrocarbures et n'a jamais condamné l'invasion russe. Pékin rejette les accusations occidentales de soutenir l'effort de guerre, tout en ménageant ses intérêts stratégiques. 

Interrogé par plusieurs médias dont France 24 à Chengdu, Emmanuel Macron assure néanmoins que les deux pays ont convenu d'un dialogue diplomatique "renforcé" entre ministres des Affaires étrangères "dans les prochaines semaines, les prochains mois pour aboutir à un document conjoint". 

Pour la sinologue et présidente de Solidarité Chine Marie Holzman, les attentes doivent rester modestes. "On ne peut pas avoir de grands espoirs : Xi Jinping a très clairement dit qu'il ne peut pas grand-chose sur Poutine", explique-t-elle sur France 24. "Il n'a pas dit non plus qu'il allait cesser de lui acheter du pétrole et ainsi cesser d'encourager l'effort militaire." 

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Ce qu'il faut retenir de la visite d'Emmanuel Macron en Chine
© France 24
12:55
  • Commerce : un rééquilibrage qui peine à se concrétiser 

Sur le plan économique, la visite n'a débouché sur aucun accord commercial majeur. Xi Jinping n'a notamment pas validé une commande de 500 avions d'Airbus, attendue de longue date, dont la concrétisation pourrait affaiblir Pékin dans ses négociations commerciales avec les États-Unis, qui font de leur côté pression pour obtenir de nouveaux engagements d'achats de Boeing. 

Emmanuel Macron a insisté sur la nécessité d'un "rééquilibrage" des relations économiques, alors que le déficit commercial français avec la Chine atteint 47 milliards d'euros en 2024, soit près de la moitié (46 %) du déficit total de l'Hexagone, selon les chiffres du Trésor public. 

Pour Marie Holzman, la France arrive affaiblie : "Nous demandons aux Chinois d'exporter un peu moins de produits et d'importer davantage de produits français, mais nous ne sommes plus du tout en position de force." 

La spécialiste des relations sino-européennes Laure Pallez, directrice associée du cabinet Mascaret, pointe aussi sur France 24 les limites de la démarche française : les enquêtes chinoises visant les exportations de cognac, de produits laitiers ou de viande porcine s'inscrivent dans un rapport de force plus large sur les droits de douane européens. "La France agit dans un cadre européen où d'autres enjeux, notamment celui des véhicules électriques fabriquées en Chine, dominent. Il y a un gros déséquilibre". 

  • Europe : l'absence d'un front uni face à Pékin 

Autre critique des experts : l'absence de démarche collective européenne. Dans les jour et semaines à venir, le ministre allemand des Affaires étrangères et le Premier ministre britannique prévoient eux aussi de se rendre en Chine, chacun avec sa propre stratégie. 

"Une visite commune aurait été beaucoup plus spectaculaire", estime Marie Holzman. "L'Europe n'a jamais su se présenter unie dans la négociation de ses contrats avec Pékin. C'est pour cette raison que l'Europe ne fait pas peur à Xi Jinping." 

  • Accords signés et diplomatie des pandas 

Douze accords ont néanmoins été signés entre Emmanuel Macron et son homologue chinois, concernant le vieillissement de la population, les investissements bilatéraux, l'énergie nucléaire ou la protection des pandas. 

"Nous allons certainement recevoir de nouveaux pandas. J'espère que ce transfert de pandas se fera assez rapidement. En tout cas ce sera au plus tard début 2027", a indiqué de son côté Rodolphe Delord, directeur du zoo de Beauval, depuis le centre de conservation de Chengdu, partenaire de longue date du zoo. 

  • Culture et étudiants : un levier encore fragile 

La visite a aussi permis de renforcer les coopérations universitaires, notamment à l'Université du Sichuan, où Emmanuel Macron a achevé sa visite. La France souhaite accueillir davantage d'étudiants chinois, un atout alors que les États-Unis de Donald Trump se ferment aux étudiants étrangers. 

Mais pour Marie Holzman, cette ouverture ne suffira pas à infléchir Pékin : "Les Chinois attachent une grande importance à l'éducation de leurs enfants, mais cela m'étonnerait que cela suffise à pousser Xi Jinping à faire des concessions à la France." 

Avec AFP et Reuters