
Exemple de publication qui a circulé en ligne depuis qu'une association israélienne a vu sa demande d'homologation de record du monde refusée par le Guinness World Records. © X / Les Observateurs
Israël est-il "boycotté" par le Guinness World Records (GWR) ? Côté israélien comme côté palestinien, de nombreux internautes et articles en ligne ont déclaré depuis début décembre que l'organisation mondialement connue pour ses livres qui recensent et homologuent les records du monde en tout genre avait désormais fait le choix de refuser les records israéliens.
"Le Guinness World Records BOYCOTTE Israël et n'acceptera plus les candidatures provenant de cet État reconnu pour pratiquer l'apartheid. Bravo GWR", s'exclame notamment un internaute pro-palestinien.
"C'est un record du monde de l'hypocrisie et de l'antisémitisme", accuse de son côté un autre internaute israélien.

Un "boycott" annoncé par des médias israéliens
D'où provient cette affirmation ? L'histoire débute le 2 décembre, quand la chaîne israélienne Channel 12 titre en hébreu un de ses articles : "Le Guinness World Records boycotte Israël". Le média rapporte qu'une association israélienne du nom de "Matnat Chaim" avait vu sa demande d'homologation rejetée par l'organisation britannique.
Selon l'article, l'organisation aurait en effet envoyé la réponse suivante à l'association : "Nous n'enregistrons pas pour le moment les demandes de record d'Israël et des territoires palestiniens."
Interrogée par la chaîne, l'association caritative israélienne qui se consacre au développement des dons de reins volontaires et avait prévu de rassembler 2 000 donneurs à Jérusalem, a dénoncé cette décision : "Israël est à la pointe de cette merveilleuse révolution mondiale" sur le sujet du don de reins volontaire, a déclaré la présidente de l'association Rachel Haber. "Le fait que Guinness refuse d'intégrer cette réussite israélienne (…) est inacceptable".
Dans les heures et jours qui suivent, plusieurs médias israéliens dénoncent un "boycott" de l'organisation. Le site MédiaJ, qui regroupe différents médias communautaires dont Radio J, titre par exemple le 3 décembre : "Le livre Guinness des records boycotte Israël". La chaîne francophone I24News a elle indiqué en titre que "le Guinness des Records a cessé d’homologuer les performances" israéliennes, tandis que d'autres médias internationaux, comme l'agence de presse turque Anadolu, ont également annoncé que l'organisation avait coupé ses liens avec Israël.
Une décision qui concerne Israël et les territoires palestiniens
Mais ces titres ne racontent qu'une partie de la réalité. Le Guinness World Records a déclaré dans un communiqué que l’organisation n'a pas boycotté Israël : elle a cessé temporairement d'enregistrer des records du monde à la fois en Israël, mais aussi dans les territoires palestiniens, comme elle l'avait déjà expliqué à l'association, selon Channel 12.
Dans ce communiqué diffusé à plusieurs rédactions depuis le 3 décembre, l'organisation affirme qu’elle ne traite plus "les demandes provenant des territoires palestiniens ou d'Israël (...), à l'exception de celles effectuées en coopération avec une agence d'aide humanitaire des Nations unies".
Elle précise que cette décision a été prise en "novembre 2023", au vu du "contexte actuel", à savoir la guerre à Gaza menée par Israël depuis octobre 2023 à la suite des attaques du Hamas sur le territoire israélien.
L'organisation n'a par ailleurs pas fermé la porte à un retour de son activité dans cette région : elle a indiqué qu'elle surveillait "attentivement la situation" et expliqué que "cette politique [faisait] l'objet d'une révision mensuelle". Avant de conclure : "Nous espérons être en mesure de recevoir de nouvelles demandes prochainement."
Sur X, après la publication par le Guinness World Records de son communiqué sur la plateforme le 3 décembre, l'un des principaux comptes à avoir relayé l'idée d'un boycott a publié un rectificatif pour préciser que la décision de suspension ne concernait pas qu'Israël, mais bien aussi les territoires palestiniens.

Contactée par notre rédaction, l'association Matnat Chaim n'a pas encore répondu à nos demandes. Mais malgré la réponse du Guinness World Records, elle a félicité sur son compte Facebook le 4 décembre le ministre des affaires étrangères israélien Gideon Sa'ar, qui demandait à l'organisation d'"annuler le boycott".
La Russie et la Biélorussie toujours "boycottés" par le Guinness World Records
Pour retrouver trace d'un réel boycott officialisé par l'organisation britannique, il faut remonter au 28 février 2022 et à l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
A cette date, le Guinness World Records avait exprimé sa “solidarité” envers l'Ukraine et annoncé dans un communiqué "cesser toutes [ses] activités en Russie et en Biélorussie pour une durée indéterminée". L'organisation avait même indiqué étudier les moyens "d'empêcher la diffusion de publicités provenant de ces régions sur nos plateformes numériques."
Interrogé par notre rédaction à ce sujet, le Guinness World Records a précisé qu'elle n'avait pas repris d'activité commerciale en Russie et en Biélorussie et qu'elle continuait de rejeter les demandes d'enregistrement de records provenant de ces deux pays.
L'organisation a toutefois indiqué qu'elle acceptait de nouveau depuis le 1er janvier 2025 "les candidatures de ressortissants russes ou biélorusses résidant ailleurs dans le monde, au cas par cas et sous réserve de vérifications", nous a-t-elle indiqué. "GWR croit que tout le monde, partout dans le monde, peut battre des records", a précisé l'organisation. "Cette décision a été prise afin que nous puissions être plus inclusifs envers les personnes de ces nationalités résidant dans le monde entier".
Cette année, l'organisation britannique célébrait les 70 ans de son Guinness Book of Records, du nom de ce livre publié chaque année et qui recense une collection de records du monde en tous genres.
