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Le procès en appel du premier Rwandais condamné en France pour génocide et complicités de crimes contre l'humanité s'est ouvert mardi, aux assises de Bobigny. Pascal Simbikangwa, ex-officier, avait écopé de 25 ans de prison en première instance.

Il y a deux ans, la cour d'assises de Paris l'avait condamné à 25 ans de réclusion criminelle pour génocide et complicité de crimes contre l'humanité. Pascal Simbikangwa, qui avait ensuite fait appel de sa condamnation, fera à nouveau face à la justice à partir de ce mardi 25 octobre aux assises de Bobigny pour un procès qui doit durer huit semaines.

Cet ex-officier de la garde présidentielle rwandaise, reconverti dans la police politique après l'accident qui l'a cloué dans un fauteuil roulant en 1986, comparaît pour "complicité de génocide" et "complicité de crimes contre l'humanité". L'accusation lui reproche d'avoir, à Kigali et dans sa région natale de Gisenyi, organisé les barrages routiers au passage desquels étaient filtrés et exécutés les Tutsis, d'avoir donné des instructions et livré des armes aux miliciens Interahamwe qui tenaient ces barrages. Pascal Simbikangwa, 56 ans, risque la perpétuité lors de ce nouveau procès.

Un procès hors-normes

Arrêté à Mayotte en 2008 pour trafic de faux papiers, Pascal Simbikangwa est jugé en France au titre de la "compétence universelle" qui permet à un État de poursuivre les auteurs des crimes les plus graves, quel que soit le lieu où il a été commis et la nationalité des auteurs ou des victimes. Ce procès hors normes – 24 tomes de procédure, une cinquantaine de témoins – occupera pendant 32 jours l'une des deux cours d'assises de Bobigny. Certains témoins, emprisonnés au Rwanda, seront entendus par visioconférence.

Tout au long de son premier procès, celui qui fût le premier rwandais à être condamné en France pour génocide n'avait cessé de minimiser son rôle et sa compréhension des massacres à l'époque. Il avait ainsi répété, à la stupéfaction générale, n'avoir vu aucun cadavre pendant les 100 jours d'avril à juillet 1994, au cours desquels au moins 800 000 personnes, en majorité Tutsies ainsi que des Hutus modérés, ont été massacrées.

Depuis ce procès "historique", le tout premier en France d'un Rwandais pour le génocide de 1994, un deuxième a eu lieu, celui de deux anciens bourgmestres, Octavien Ngenzi et Tito Barahira. Ils ont été condamnés à perpétuité en mai 2016 pour leur participation au génocide et ont fait appel.

Avec AFP