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David Rachline, un choix consensuel pour la campagne de Marine Le Pen

En nommant le sénateur-maire de Fréjus David Rachline directeur de campagne, Marine Le Pen a fait le choix stratégique de réconcilier tous les courants du FN. Le jeune élu est une des rares personnalités du parti à s’entendre avec tout le monde.

L’homme s’est souvent présenté comme "Lepéniste intégral" et c’est, sans doute, l’aspect le plus important à retenir de la nomination de David Rachline comme directeur de campagne de Marine Le Pen. Avec lui, la candidate du Front national à l’élection présidentielle de 2017 peut s’appuyer sur quelqu’un capable de faire le lien entre les deux grands courants du parti : les adeptes de la ligne Florian Philippot, plaçant le souverainisme et les questions sociales en tête de leurs préoccupations, et les tenants d’une ligne plus traditionnelle et identitaire, aujourd’hui incarnée par Marion Maréchal-Le Pen.

Pur produit du militantisme sauce FN, David Rachline, 28 ans, a éclos dans les dernières années de Jean-Marie Le Pen à la tête du parti. C’est d’ailleurs l’accession de ce dernier au deuxième tour de l’élection présidentielle, en 2002, qui le décide à adhérer au Front national à seulement 15 ans. Rapidement, le jeune militant monte dans l’organigramme du parti d’extrême-droite. D’abord président de la section varoise du Front national de la jeunesse, il devient, lors de l’ultime campagne présidentielle du fondateur du FN, président des "Jeunes avec Le Pen".

Ce jeune ambitieux a de la suite dans les idées. Lorsqu’éclate la guerre familiale chez les Le Pen, David Rachline prend soin de ne pas se griller et épouse sans sourciller la ligne de dédiabolisation voulue par la nouvelle dirigeante du FN, Marine Le Pen. Aujourd’hui totalement dévoué à celle-ci, il représente le parfait trait d’union entre l’ancien et le nouveau FN, sa grande force étant d’être compatible avec toutes les tendances.

"Il a ce grand avantage de pouvoir faire le grand écart entre la base militante et les notables", souligne notamment Nicolas Lebourg, chercheur à l’Université de Montpellier et à l’Observatoire des radicalités politiques de la Fondation Jean Jaurès.

Rôle de mobilisation de la base en vue du premier tour

Car si David Rachline, élu maire de Fréjus et sénateur du Var en 2014, représente notamment les succès du Front national nouvelle version, il sait également cultiver son image de frontiste traditionnel. D’abord en tant qu’ancien membre du mouvement Égalité et Réconciliation d’Alain Soral, qui appelle à un patriotisme dépassant les clivages partisans, ethniques ou religieux, mais aussi en s’opposant, lors de la campagne des municipales, à la construction d’une mosquée dans sa ville.

"La stratégie de Marine Le Pen, qui a besoin de conserver les électeurs traditionnels du FN peu adeptes de la ligne Philippot, pourrait être de se servir de son directeur de campagne pour contrebalancer son nouveau profil très lissé, analyse Nicolas Lebourg. Elle est sur un positionnement de second tour, tandis que David Rachline lui servira de doublure sur les plateaux TV en vue du premier tour."

En clair, comme elle l’a fait lors de son discours, dimanche 18 septembre, la candidate du FN s’adressera à l’ensemble des Français, pendant que son directeur de campagne sera chargé de mobiliser l’ensemble du parti. Or, comme le souligne un dirigeant, il est l’un des rares en interne à être "bien avec tout le monde".

Une stratégie qui n’est toutefois pas sans danger. "Le risque, c’est d’être pris en porte-à-faux et de donner une impression de cacophonie", estime Nicolas Lebourg, qui évoque par ailleurs "le CV un peu chargé" de David Rachline question radicalité, "alors que Marine Le Pen fait tout pour adoucir son image".