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Syrie : la trêve est prolongée mais l'aide humanitaire peine à être acheminée

L'ONU a exhorté jeudi Damas à autoriser "immédiatement" la distribution aux villes assiégées de l'aide humanitaire qui reste bloquée à la frontière turque, malgré la prolongation de la trêve des combats pour 48 heures.

Au milieu d’une trêve fragile entrée en vigueur lundi, l’aide humanitaire peine à être acheminée en Syrie. Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a donc demandé à Washington et à Moscou de contribuer à débloquer la livraison de l'aide humanitaire aux localités assiégées en Syrie. L'envoyé de l'ONU, Staffan de Mistura a par ailleurs exhorté Damas à autoriser "immédiatement" la distribution de l'aide humanitaire.

"Quelque 250 000 personnes attendent l'aide humanitaire avec beaucoup d'impatience, dans la souffrance", note Selim El Meddeb, correspondant France 24 à Beyrouth.

Une première phase de 48 heures de cessation des hostilités a expiré mercredi à 19 h, heure locale. Avant cette expiration, la Russie et les États-Unis, qui ont négocié cette trêve, se sont dits favorables à sa prolongation pour une nouvelle phase de deux jours, selon les termes de l'accord entre les deux grandes puissances.

Seul problème : la situation en matière de sécurité ne permet pas pour l'instant d’envoyer dès mercredi 20 camions d'aide vers Alep comme le souhaite l’ONU. Ces camions "sont restés à la frontière" entre la Syrie et la Turquie. "Il est absolument essentiel", a déclaré Ban Ki-moon, "que les arrangements de sécurité nécessaires" soient mis en place par les belligérants pour que les camions puissent avancer.

Une trêve test

L'armée syrienne se trouvait toujours mercredi sur la route du Castello – axe de ravitaillement au nord d'Alep par lequel doit transiter l'aide – alors que l'accord russo-américain appelle à la "démilitarisation" de cette route. Selon le chef du Centre russe de coordination en Syrie, le général Vladimir Savtchenko, le retrait des troupes syriennes de cet axe est prévu jeudi à 6 h GMT.

Depuis l'entrée en vigueur de la trêve lundi soir, les combats ont quasiment cessé entre régime et rebelles sur l'ensemble des fronts, à l'exception de tirs sporadiques, selon des militants, l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH) et l'ONU.

La trêve a été obtenue après des semaines de discussions entre Washington et Moscou, soutiens respectifs de la rébellion et du régime. Elle vise à favoriser une reprise du processus de négociation pour mettre fin au conflit qui a fait plus de 300 000 morts et des millions de déplacés et de réfugiés depuis mars 2011, selon l'OSDH.

La trêve doit aussi permettre l'acheminement sans entraves de l'aide humanitaire pour les centaines de milliers de civils assiégés dans une vingtaine de villes et de localités, en grande majorité par les forces du régime.

Le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault, a d'ailleurs estimé mercredi que "l'arrivée de l'aide humanitaire" aux populations assiégées était un "test" clé de la solidité de l'accord russo-américain. "Sinon l'annonce d'un cessez-le-feu ne sera pas crédible", a-t-il dit lors d'une visite à Kiev.

L'ONU prévoit de commencer par distribuer des produits alimentaires dans les quartiers rebelles d'Alep, où plus de 250 000 personnes n'ont pas reçu d'aide de l'ONU depuis juillet.

Une trêve précaire

Le calme a régné mercredi dans la grande ville du Nord, selon des correspondants de l'AFP dans la partie Est, tenue par les forces gouvernementales, et dans la partie Ouest, tenue par les rebelles.

L'OSDH, tout en faisant état de tirs sporadiques dans la province d'Alep, a affirmé qu'aucune victime n'était à déplorer depuis le début de la trêve parmi les civils ou les combattants.

La cessation des hostilités est appliquée de "manière très positive, avec quelques violations", a annoncé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'OSDH.

L'état-major russe a pour sa part déclaré que les rebelles avaient violé le cessez-le-feu à 60 reprises lors des dernières 48 h. La rébellion, affaiblie sur le terrain, n'a pas donné son accord formel à la trêve.

Comme lors de la précédente trêve fin février, qui avait duré quelques semaines, les groupes jihadistes comme l'organisation État islamique (EI) et Front Fateh al-Cham (ex-Front Al-Nosra, branche syrienne d'Al-Qaïda) sont exclus du cessez-le-feu.

L'armée russe a d'ailleurs affirmé avoir bombardé mardi soir des jihadistes de l'EI au nord de Palmyre (centre), ont rapporté les agences de presse russes.

Si la cessation des hostilités tient pendant une semaine, elle devrait déboucher sur une collaboration inédite entre Moscou et Washington, qui doivent alors lancer, à une date encore indéterminée, des attaques conjointes contre les deux groupes jihadistes.

Avec AFP