Le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, a annoncé mardi qu'il quittait le gouvernement pour se consacrer à son mouvement En Marche !. Une décision qui va dans le sens des rumeurs sur son ambition présidentielle. Bilan de ses deux ans à Bercy.
L’économie française va devoir se passer d’Emmanuel Macron. Le plus jeune ministre de l’Économie depuis Valery Giscard d’Estaing a officialisé, mardi 30 août, sa démission du gouvernement de Manuel Valls. Michel Sapin, déjà ministre des Finances, récupère son portefeuille.
"Je souhaite entamer une nouvelle étape de mon combat et construire un projet qui serve uniquement l'intérêt général", a indiqué le ministre démissionnaire lors d'une conférence de presse organisée depuis Bercy.
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Le désormais ancien ministre de l'Économie a assuré avoir démissionné du gouvernement après avoir "touché du doigt les limites de notre système politique", estimant que ces dernières avaient contrecarré sa volonté de réforme.
Pas d'annonce de candidature
De fait, Emmanuel Macron a affirmé vouloir se consacrer à son mouvement politique En Marche !, qui pourrait servir de tremplin à ses ambitions présidentielles. Sans se déclarer officiellement candidat à l'élection de 2017, il a toutefois tenu à souligner que "dans notre Ve République, le seul moment où les débats nécessaires pour décider ces transformations peuvent utilement avoir lieu sont les campagnes présidentielles".
Si l’ex-ministre a dorénavant le regard tourné vers l'avenir, son passage à Bercy entre 2014 et 2016 va le poursuivre longtemps. Cet épisode ministériel représente, en effet, la seule expérience politique d'Emmanuel Macron qui ne se donne pas beaucoup de mal pour dissimuler ses ambitions élyséennes à plus ou moins long terme.
412 heures de débat et un 49.3
Emmanuel Macron ministre de l’Économie, c’est essentiellement une loi. La loi Macron, adoptée définitivement le 10 juillet 2015, représente l’un des tournants - plutôt politique qu’économique - du mandat présidentiel de François Hollande. Ce texte pour “moderniser l’économie” a nécessité 412 heures de débats à l’Assemblée et au Sénat, l’examen de 8 000 amendements et surtout le recours au très controversé article 49.3 de la constitution qui permet l’adoption d’une loi sans vote.
Côté économie, la loi Macron a sensiblement affecté certains secteurs très précis, mais l'impact global "a été infinitésimal", assure Ludovic Subran, chef économiste de l'assureur Euler Hermes, interrogé par l'AFP. La libéralisation du transport par autocar a permis de créer 1 500 emplois - sur un total de 10 000 escomptés par Bercy - et a entraîné une guerre des prix qui a bénéficié aux voyageurs. Emmanuel Macron s’est notamment mis à dos les notaires en imposant le principe de libre-installation. Le ministre a, au passage, pu démontrer qu’il ne reculait pas à la première grogne venue, même s’il est politiquement moins risqué de tenir face à une mobilisation de notaires que face à une grève des cheminots ou à des manifs de lycéens.
Creative Industry
La loi Macron a aussi institué le principe de l’ouverture des commerces le dimanche dans certaines “zones touristiques internationales”. Une règle qui a fait les délices des touristes dans certains quartiers parisiens, comme autour de l’Hôtel de Ville, mais qui est encore loin d’être unanimement appliquée. Des grandes enseignes, comme la Fnac par exemple, peinent à trouver des accords avec les syndicats.
Pour le reste, Emmanuel Macron a essentiellement soigné son message pour se présenter comme aussi moderne que possible. Il a ainsi repris à son compte le concept de French Tech, popularisé par l'ancienne ministre de l'Économie numérique Fleur Pellerin. Le jeune ministre de 38 ans s'est rendu au CES, le salon des nouvelles technologies de Los Angeles, afin de soutenir les start-up françaises. C'est aussi sous son impulsion que Bercy a mis en place la campagne de "Creative industry" pour promouvoir "l'excellence technologique à la française", grâce notamment à un label spécifique.
Reste à savoir qui aura la tâche ingrate de piloter l'économie jusqu'à la prochaine présidentielle, dans moins d'un an. Un laps de temps trop court pour une nouvelle réforme économique, dans un pays qui connaît toujours un taux de chômage qui frôle toujours les 10 %.