
Paul Watson, le fondateur de Sea Shepherd, arrive à la projection du film "Highest 2 Lowest" lors de la 78e édition du Festival de Cannes, le 19 mai 2025. © Sameer Al-Doumy, AFP
Désillusion pour le militant écologiste et défenseur des baleines Paul Watson. La France a refusé l'asile politique au fondateur de l'association Sea Shepherd, visé par un mandat d'arrêt du Japon, selon une décision de l'Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) consultée mardi 23 septembre par l'AFP.
Dans cette décision rendue le 9 septembre, l'Ofpra estime que les craintes de cette figure du combat pour la défense des baleines, de nationalité canadienne et américaine, d'être "automatiquement interpellé" en cas de retour au Canada ou aux États-Unis sont infondées s'agissant de "deux démocraties régies par l'État de droit".
"J'étais confiant lorsque j'ai fait ma demande, je suis allé à l'Ofpra six fois (...) mais ils l'ont simplement rejetée", a réagi Paul Watson, contacté par l'AFP. "J'étais très surpris, j'étais certain que cela ne poserait pas de problème (...) car je suis persécuté par les Japonais depuis des années."
"Je suis déçu mais j'espère que nous pourrons trouver une solution", a-t-il ajouté, précisant ne pas savoir s'il peut obtenir la citoyenneté française grâce à un soutien du président Emmanuel Macron : "Tout ce que je sais, c'est qu'il a dit que ma famille et moi étions en sécurité en France aussi longtemps que nous le voulions. C'est tout ce que j'ai."
"Toujours en danger"
Paul Watson, 74 ans, a été détenu au Groenland pendant cinq mois l'an dernier, avant que le Danemark ne rejette une demande d'extradition émanant du Japon, qui l'accuse d'être coresponsable de dommages et blessures à bord d'un navire baleinier japonais en 2010 dans le cadre d'une campagne menée par l'ONG Sea Shepherd.
Il a rejoint la France fin 2024, où il a déposé une demande d'asile en février 2025, selon la décision de rejet.
"À supposer qu'il puisse être interpellé en cas de retour au Canada ou aux États-Unis en raison de la volonté de ses deux pays de nationalité de répondre favorablement à une demande d'extradition des autorités japonaises, il n'a fourni aucun élément sérieux permettant de conclure qu'il ne serait pas en mesure de faire valoir ses droits dans le cadre de procédures régulières d'extradition (...)", indique l'Ofpra dans sa décision, révélée par le Parisien.
"La France ne s'honore pas en refusant l'asile politique à Paul Watson", a déclaré à l'AFP son avocat, Emmanuel Ludot. "De dire que ce sont des États de droit et qu'il aurait droit à un procès équitable dans ces deux pays est une sottise monumentale", selon lui. "Le Japon maintient son mandat d'arrêt international, donc il est toujours en danger, partout où il peut circuler."
En juillet 2025, Interpol a levé une notice rouge le concernant, mais cette mesure "n'est absolument pas une garantie pour lui, pour sa sécurité", a estimé auprès de l'AFP la présidente de Sea Shepherd France, Lamya Essemlali.
"Quand Paul risquait sa vie et sa liberté, la France s'est distinguée au niveau international pour lui venir en aide", a-t-elle ajouté. "Il paraît cohérent qu'elle devienne officiellement son port d'attache. Ce serait la suite logique du combat qu'elle a mené par sa libération".
Avec AFP