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Burkini : le piège

Au menu de cette revue de presse française vendredi, le débat sur le burkini qui n'en finit pas, les divisions au sein du gouvernement de Manuel Valls et les hommages rendus à la créatrice de mode Sonia Rykiel, décédée hier.

Le Conseil d’Etat rend vendredi 26 août sa décision de valider ou pas l’interdiction municipale du port du burkini sur les plages françaises, et la presse prend position. Sur le dessin en une de L’Opinion, un policier sur la plage demande à une femme aux seins nus de se rhabiller et un autre demander à sa voisine en burkini de se déshabiller. Pour le quotidien libéral, le débat devient hystérique et met la France sous tension : confusion sur la laïcité, surenchère à droite et division à gauche.

Dans son éditorial, la Croix affirme que ce débat fait perdre beaucoup de temps au combat contre le fondamentalisme religieux. Selon le quotidien chrétien, plutôt que les tenues de plage, la police ferait mieux de contrôler le discours de certaines mosquées ou de veiller à ce qu’il n’y ait pas d’incident dans les hôpitaux, pour des motifs officiellement religieux. Le Monde, lui, parle de "risques de la chasse au burkini", car si le conseil d’État valide les arrêtés municipaux, c’est l’interdiction du voile dans l’espace public qui pourrait poindre ensuite. Enfin, 20 Minutes rapporte la manifestation d’une cinquantaine de femmes, hier à Londres, devant l’ambassade de France, contre l’islamophobie.

Ce débat divise également la classe politique : à la une du Figaro, on trouve une photo de Manuel Valls contesté par ses ministres Najat Vallaud-Belkacem et Marisol Touraine. La première qualifie les interdictions de dérives, la seconde rappelle que les valeurs républicaines permettent à chacun de ne pas renier son identité : un couac qui a obligé le président de la République à s’exprimer et à exiger "ni provocation, ni stigmatisation". Pour Libération, ce débat permet à Nicolas Sarkoky de brandir l’identité française en étendard, tandis que le reste de la gauche parle de racisme et de "défouloir des peurs".

Il n’y a pas que sur le burkini que le gouvernement est divisé. Ce matin, Emmanuel Macron a accordé un entretien aux Echos, deux ans tout juste après son arrivée à Bercy. Fin septembre, il entend présenter un plan de transformations au président de la République, pour tous les domaines de l’action publique. L’actuel ministre de l’économie reste toutefois discret sur son avenir au gouvernement. Au contraire, Manuel Valls, lui, est présenté en recours, dans Aujourd’hui en France, au cas où François Hollande ne serait pas candidat à sa réélection. Si l’actuel président jette l’éponge, faute de popularité, ce sera le moment pour le Premier ministre d’assumer son bilan et d’incarner à la primaire socialiste la fermeté républicaine dont il se fait le héraut à gauche.

Enfin, la presse rend hommage à Sonia Rykiel, décédée hier. "La fin de la femme nouvelle", c’est le titre de Libération. Pour le quotidien, la créatrice a participé au mouvement de libération de la femme : d’abord en créant le fameux petit pull moulant et des vêtements à la fois sexy et confortables, ensuite en proposant dans ses boutiques des livres mais aussi des jouets pour une sexualité féminine décomplexée, enfin en bâtissant un empire qui attire les mannequins vedettes comme l’intelligentsia parisienne. Le Figaro, lui, salue la reine du tricot et l’icône de Saint-Germain-des-Prés, à la crinière rousse. Une affranchie à laquelle les Parisiennes de Mai 68 se sont identifiées, une femme intimement liée à son époque.