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Musicalarue, le gros festival au milieu d’un petit village du sud-ouest de la France

Dans les Landes, à Luxey, se déroule actuellement, pour la 27e année consécutive, le festival Musicalarue. Le village, qui vit à l’heure de la musique et du théâtre de rue du 12 au 14 août, accueille jusqu’à 16.000 spectateurs par soirée. Reportage.

Vendredi 12 août,18 heures. Les barrières donnant accès au centre de Luxey, petit village des Landes de 710 habitants, dans le Sud-Ouest de la France, se lèvent pour laisser place au public venu assister à la 27e édition du festival de la musique et des arts de la rue, Musicalarue, qui se tient jusqu’au 14 août. Chaque soir, une cinquantaine de concerts et de spectacles de théâtre se produisent devant 16 000 spectateurs jusqu’à … 6h30 du matin.

Devant et à l’intérieur du Cercle, le café local, les anciens du village sont progressivement remplacés par les festivaliers. Mais dans les rues, la cohabitation est surprenante. Les habituels baba-cools, punks à chiens et rastas croisent des familles avec poussettes, des habitants du village et même un couple de nonagénaires équipé de chaises pliantes.

Des concerts se tiennent dans neuf lieux : au Cercle donc, mais aussi, juste en face, dans l’église, devant la mairie, et aussi sur trois scènes principales. D’autres sont installées sous les platanes ou au milieu des pins, sur la place de l’église, dans un théâtre de verdure. Et entre chaque concert, des artistes de théâtre de rue ou des bandas, ces fanfares du Sud-Ouest, finissent de donner à Musicalarue une ambiance unique en son genre, entre fête de village et gros festival.

Car dans la programmation, l’éclectisme est aussi de mise : Louise Attaque, le groupe incontournable de l’été des festivals en France, est à l’affiche. Tout comme Tryo, L.E.J, Cœur de pirate, Emir Kusturica ou Doc Gyneco. Pour les plus anciens, Salvatore Adamo vient pour la première fois à Luxey. À l’autre bout de l’échelle de la notoriété, des groupes régionaux et de jeunes artistes débutants.

"Merci de ne pas avoir peur et d’être là"

En 27 ans, Musicalarue a toujours su préserver la diversité de sa programmation : Manu Dibango et Stromae, Bernard Lavilliers et Pierre Perret, Louis Bertignac et le régional de l’étape présent tous les ans, le gascon Bernard Lubat. Sans oublier les groupes venus du Canada, d’Espagne, des États-Unis, de Serbie, d’Angleterre ou de Finlande. Si la chanson française et le rock sont les plus représentés, les autres styles musicaux ne sont pas en reste : du punk au classique en passant par le rap, l’électro, le folk , le blues, les musiques du monde, le hip-hop ou le jazz. Il est toujours surprenant de voir se croiser dans l’église, pour un concert de l’orchestre symphonique Josem, des punks aux crêtes colorées et des festivaliers aux airs de paroissiens.

Pour la première soirée de Musicalarue, l’affluence était plus importante que jamais malgré Vigipirate. Les mesures de sécurité ont été renforcées, avec, par exemple, un tracteur en travers de l’une des rues menant au centre du village. "Merci de ne pas avoir peur et d’être là" a ainsi lancé au public le chanteur du groupe Tryo. La menace terroriste, si elle n’a pas eu de conséquence sur la fréquentation, reste très présente dans les esprits. Même lorsqu'elle est évoquée au second degré par le chanteur engagé Yves Jamait qui, en fin de concert, fait mine d’être au bord des larmes : "Je ne voudrais pas plomber l’ambiance, mais rappelons nous qu’il s’est passé quelque chose de terrible l’an dernier…..un type s’est fait arracher sa chemise". Une référence à l’affaire du DRH d’Air France, totalement dans l’esprit de Musicalarue pour mieux oublier les attentats du 13 novembre à Paris et à Saint-Denis.