![Fêtes de Bayonne : des libations sous sécurité maximale Fêtes de Bayonne : des libations sous sécurité maximale](/data/posts/2022/07/21/1658417356_Fetes-de-Bayonne-des-libations-sous-securite-maximale.jpg)
Les fêtes de Bayonne, qui attirent chaque annéee plus d’un million de personnes durant cinq jours, débutent mercredi dans un contexte de menace terroriste. Les autorités ont adapté le programme et renforcé les mesures sécuritaires.
Certains posaient la question de leur annulation. Les Fêtes de Bayonne, dont c’est cette année la 80e édition, sont bien maintenues, mais sous haute sécurité. Ces cinq jours de célébrations, qui doivent s’ouvrir le mercredi 27 juillet 2016, débuteront dans un contexte de menace terroriste, après l’attentat qui a fait 84 morts au cours d’un autre rassemblement populaire à Nice, le 14 juillet dernier, et l’attaque de l’église de Saint-Étienne-du-Rouvray, où les assaillants ont égorgé un prêtre et grièvement blessé un fidèle mardi 26 juillet.
Les 80es Fêtes de Bayonne s'ouvrent mercredi sous haute sécurité #AFP pic.twitter.com/DUdnaoKW6D
— AFP Bordeaux (@AFPBordeaux) 26 juillet 2016Cet événement, "le cinquième plus gros rassemblement populaire au monde", selon l'Office de tourisme de Bayonne, rassemble pendant cinq jours plus d’un million de "festayres" (les fêtards, en gascon), dans la cité basco-gasconne, qui compte à l’année moins de 50 000 habitants.
De mercredi à dimanche, une déferlante de fêtards en tenue traditionnelle tenue rouge et blanche va festoyer dans les rues de la ville.
"Pas de risque identifié"
Une menace particulière plane-t-elle sur cet acmé festif de l’été basque ? "Les services de l'État n'ont pas souhaité entrer dans le détail, en matière de renseignement […], dans l'hypothèse d'un éventuel attentat. Pour le préfet des Pyrénées-Atlantiques, Pierre-André Durand, il n'y a pas de risque précis identifié. Le représentant de l'État indique ainsi que les effectifs en charge du renseignement ‘sont, comme toujours, extrêmement mobilisés, sans spécificité particulière liée aux Fêtes’", indiquait le quotidien Sud-Ouest en fin de semaine dernière.
Pour ce qui est des mesures prises pour la sécurité, la ville et la préfecture ont annoncé des dispositions spécifiques, avec des renforts militaires et policiers, un programme modifié, ou encore un dispositif pour bloquer des véhicules.
D’abord, pour éviter toute intrusion d'une voiture ou d’un camion à l'intérieur des remparts de la ville, des chicanes seront installées aux différentes entrées, dont le nombre a été réduit de sept à quatre. "Cette organisation permet un contrôle systématique des entrées et sorties de tous les vehicules : [ces entrées] seront sécurisées par un pré-filtrage et des contrôles", détaille la Ville sur son site internet. Autre mesure concernant les va-et-vient de véhicules : les livraisons ne pourront être effectuées qu’entre 7 h et 11 h et "dans le cadre d’un contrôle rigoureux".
Les effectifs des forces de l'ordre et des services de secours ont également été augmentés, passant de 1 800 personnes l'an dernier à 1 900 cette année, auxquels seront associés 60 militaires de l'opération Sentinelle, un dispositif de l’armée déployé au lendemain des attaques de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l’Hypercasher, pour faire face à la menace terroriste.
Par ailleurs, les événements en zone fermée, comme les corridas et courses de vache, des contrôles et fouilles seront effectués.
"Crainte d’un bête mouvement de foule"
En plus de ce tour de vis sécuritaire, les organisateurs ont dû se résigner à annuler quelques manifestations traditionnelles, car elles entraînaient de trop fortes concentration de population. Ainsi, la soirée d’ouverture, qui rassemble chaque année une foule extrêmement dense sur la place de la mairie, a été modifiée. Pas de traditionnel lancé des clés de la ville par le roi Léon – mascotte locale–, qui par ce rituel confie la cité aux bons soin des fêtards pendant cinq jours et cinq nuits.
Le roi Léon est apparu, les clés de la ville ont été jetées, les fêtes de Bayonne 2015 peuvent commencer ! #FDB2015 pic.twitter.com/Cr2iEGO7Xi
— Josselin Debraux (@jdebraux) 29 juillet 2015Pas de "mascleta", ce bruyant feu d’artifices qui lance les réjouissances. Exit, surtout, la "Journée des enfants"qui rassemblait, le jeudi, des milliers de gamins.
"Ces cinq jours ont quelque chose de spécial, ils célèbrent notre art de vivre, une tradition locale de la fête, alors ne pas y aller c’est quelque part laisser gagner ceux qui souhaitent nous terroriser", estime Agnès Onaindia, 38 ans, une Basque qui chaque année participe, en famille, aux célébrations.
Mais malgré les mesures de sécurité prises, la jeune femme n’emmènera pas ses deux enfants en ville, "plus par crainte d’un bête mouvement de foule, dans cette athmosphère de peur, que par crainte d’une attaque". Ce qui ne l’empêchera pas d’enfiler sa tenue rouge et blanche pour retrouver des amis dans les bars et les "peñas" (associations locales ) de la ville durant le week-end.
Pendant cinq jours et nuits, la ville vit au rythme de la musique, des danses, des chants et de la gastronomie locale. Courses de vache, corridas, tournois de pelote basque, "championnat du monde d'omelette aux piments", défilé de "bandas" (fanfares) et corsos (défilé de chars) ponctuent les festivités. Ces fêtes comportent aussi leurs excès, avec parfois des débordements alcooliques et les accidents ou délits qui les accompagnent.
Les attentats récents vont-ils avoir raison de l'enthousiasme des festayres ? "Il y aura peut-être un peu moins de monde que d’habitude, mais pour l’instant toutes nos réservations sont maintenues et on garde la même mise en place que les années précédentes", raconte Nicolas Berniolles, du bar "Le Guernika". Le patron de cette institution du Petit Bayonne, le quartier qui concentre, la nuit venue, la foule la plus dense et la plus motivée, se dit "serein et sans crainte".
Depuis leur création en 1932, les Fêtes de Bayonne n'ont été interrompues que de 1940 à 1944, pendant l'Occupation nazie.