Volodymyr Zelensky a remanié son gouvernement, plaçant à sa tête Ioulia Svyrydenko comme Première ministre. Le Parlement a validé jeudi 17 juillet cette réorganisation et l'entrée au gouvernement de nombreuses figures loyales au président ukrainien. Ce dernier a pour ambition de donner une nouvelle impulsion politique au pays, en guerre contre la Russie depuis plus de trois ans. Voici ce que l'on sait.

Les Ssolides connections américaines de Svyrydenko

Ioulia Svyrydenko, 39 ans, prend la tête du nouveau gouvernement avec un programme de renforcement de l'économie du pays et d'accroissement de la production d'armes. Sa nomination, annoncée lundi par Volodymyr Zelensky, a été entérinée par les parlementaires ukrainiens.

Ministre de l'Économie sortante, elle s'est déjà illustrée lors de la finalisation de l'accord sur les minerais avec Washington, dont les négociations houleuses ont failli mettre en péril les relations entre les deux pays.

"Elle a été le personnage clé, menant seule les négociations. Elle a réussi à empêcher qu'elles n'échouent", a déclaré à l'AFP Tymofiy Mylovanov, un ex-ministre de l'Économie qui a travaillé avec Ioulia Svyrydenko.

Les analystes s'accordent à dire qu'elle a gagné le respect des partenaires américains, y compris de responsables haut placés. "Trump et son administration sont désormais une priorité pour l'Ukraine. Ioulia Svyrydenko a fait ses preuves à ce niveau, et continuera à les faire", a estimé l'analyste politique Volodymyr Fessenko.

Nouvelle ambassadrice pour les États-Unis

Le président Zelensky a choisi la ministre sortante Olga Stefanichyna comme nouvelle ambassadrice aux États-Unis, mais sa nomination doit encore être approuvée par Washington.

Elle remplacera Oksana Markarova, qui a contribué à organiser le lancement de l'aide américaine au moment du déclenchement de l'invasion et a cultivé de bonnes relations avec l'administration Biden. Mais sa proximité avec les responsables démocrates est devenue un handicap au retour à la Maison Blanche de Donald Trump, grand adversaire de Joe Biden.

Le républicain avait aussi vertement critiqué l'aide chiffrée à plusieurs milliards de dollars accordée à Kiev par son prédécesseur. Mais il a fait volte-face il y a quelques jours, annonçant un réarmement d'ampleur de l'Ukraine via un accord avec l'Otan et donnant 50 jours à la Russie pour trouver un accord de paix, sous peine de sanctions.

Olga Stefanichyna, elle aussi impliquée dans les négociations de l'accord sur les minerais, doit "maintenir la dynamique" avec les États-Unis, a indiqué Volodymyr Zelensky.

La nomination d'Olga Stefanichyna est inattendue, Volodymyr Zelensky ayant d'abord laissé entendre que ce poste serait destiné au ministre de la Défense sortant, Roustem Oumerov. Volodymyr Zelensky n'a pas fourni d'explication concernant ce changement d'avis, ni indiqué si Roustem Oumerov prendrait d'autres fonctions.

L'avenir du Premier ministre sortant est, lui, connu. Denys Chmygal, un technocrate sans prétention, prendra la tête du ministère de la Défense, a dit Volodymyr Zelensky. D'après Volodymyr Fessenko, sa nomination devrait "mettre de l'ordre" dans cette institution mise à mal par des scandales de corruption à répétition.

Après le vote au parlement jeudi validant la nomination de Ioulia Svyrydenko, les députés doivent encore approuver l'ensemble de son nouveau gouvernement, les commentateurs politiques s'attendant à d'autres changements, notamment au ministère de l'Énergie.

L'opposition reproche un manque de dialogue

Les rivaux du président ukrainien l'accusent depuis longtemps de chercher à consolider son pouvoir, et certaines critiques ne voient dans la nomination de Ioulia Svyrydenko qu'une nouvelle étape dans ce processus. Elle est considérée comme loyale à Andriï Iermak, le très influent chef de l'administration présidentielle.

Un article du respecté journal indépendant Ukrainska Pravda décrit ce remaniement comme un "renforcement du chef du cabinet présidentiel - si c'est encore possible".

"Il est évident que l'influence de l'administration présidentielle va croître", a déclaré à l'AFP le député de l'opposition Mykola Kniajytsky. "Les autorités poursuivent une politique de centralisation et refusent le dialogue", a-t-il accusé.

Avec AFP