
Le chef de la junte du Burkina Faso, le capitaine Ibrahim Traore, participe à une réunion avec le président russe à Moscou, le 10 mai 2025. © Angelos Tzortzinis, AFP
La Commission électorale nationale indépendante (Céni), en place depuis plus de 20 ans au Burkina Faso, va être dissoute. Le régime militaire au pouvoir a adopté mercredi 16 juillet un projet de loi en ce sens, la Céni étant jugée "budgétivore" et sujette aux "influences étrangères", selon le compte rendu du Conseil des ministres consulté jeudi 17 juillet par l'AFP.
Créée par l'État en mai 1998 et mise en place en 2001, la Céni se revendique comme une structure "indépendante" chargée d'organiser les élections depuis le retour au multipartisme en 1991. Elle est composée de 15 commissaires issus des partis politiques et de la société civile, qui prêtent serment devant le Conseil constitutionnel.
Des élections étaient censées être organisées en juillet 2024, mais la junte, issue d'un coup d'État en septembre 2022, a finalement prolongé sa transition de cinq ans.
"Incohérence totale"
"Subventionnée à près d'un demi-milliard de francs CFA (environ 750 000 euros) chaque année, l'existence de cette structure aujourd'hui s'avère en incohérence totale avec les dispositions de la Charte de la transition en plus d'être budgétivore", a déclaré mercredi soir le ministre de l'Administration territoriale, Emile Zerbo.
Il a précisé qu'un projet de loi portant "dissolution de la Commission électorale nationale indépendante" avait été adopté au Conseil des ministres mercredi. "Le projet de loi consacre également la dévolution des attributions électorales au ministère en charge de l'Administration du territoire", a poursuivi Emile Zerbo.
Le Burkina Faso est dirigé par un régime militaire qui fait de la souveraineté sa priorité. À sa tête, le capitaine Ibrahim Traoré, arrivé au pouvoir en septembre 2022 par un coup d'État. Il s'agissait du deuxième putsch en huit mois.
La transition politique, enclenchée après le premier coup d'État en janvier 2022, devait initialement s'achever en juillet 2024.
Mais lors des assises nationales organisées en mai 2024, le régime militaire au pouvoir a décidé de prolonger cette période de transition, autorisant Ibrahim Traoré à rester à la tête de ce pays miné par des violences jihadistes qui ont fait des milliers de morts depuis près de 10 ans.
Selon la charte de la transition, le capitaine Traoré pourra se présenter aux "élections présidentielles, législatives et municipales", qui doivent en principe être organisées au terme de ces cinq années.
Avec AFP