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Selon des prévisions publiées vendredi par l'Insee, la France pourrait sortir de la récession au quatrième trimestre de l'année. Cela ne suffira pas à sauver les 700.000 emplois qui devraient être détruits dans le secteur privé en 2009.
REUTERS - La France pourrait sortir de récession au quatrième trimestre mais l'ajustement du marché du travail se poursuivra dans la douleur avec près de 700.000 emplois détruits dans le secteur privé en 2009, selon des prévisions publiées vendredi par l'Insee.
Après des contractions de 1,5% au quatrième trimestre 2008 et de 1,2% sur les trois premiers mois de 2009, le produit intérieur brut baissera encore de 0,6% au deuxième trimestre et de 0,2% au troisième, avant une stabilisation au quatrième, prévoit l'Insee dans sa note de conjoncture de juin.
Comme le gouvernement, l'Institut national de la statistique voit le PIB se contracter de 3% sur l'ensemble de l'année, une baisse sans précédent depuis 1949 qui ramènerait, en volume, la production de richesse nationale à quelque 1.595 milliards d'euros, un peu en-dessous de son niveau de 2006.
"Notre scénario central table sur une stabilisation au dernier trimestre de cette année mais cette sortie de récession n'est pas acquise", a déclaré Eric Dubois, chef du département de la conjoncture de l'Insee, lors d'une conférence de presse.
La crise qui a redoublé à l'automne avec la faillite de la banque Lehman Brothers fera encore sentir ses effets tout au long de 2009, a-t-il expliqué. Les conditions de financement resteront difficiles même si elles s'améliorent, et l'ampleur de la chute de l'activité depuis un an laisse les entreprises avec des surcapacités et des sureffectifs importants.
"La résorption de ces surcapacités et sureffectifs devrait peser sur l'activité tout au long de l'année et elle pourrait, si elle se poursuivait, retarder la sortie de récession", a averti Eric Dubois.
Chômage au plus haut depuis 10 ans
Les entreprises industrielles n'utilisent actuellement que 71% de leurs capacités, un chiffre inférieur de 13 points à la moyenne de longue période. Les incertitudes qui persistent les pousseront d'autant moins à investir et à embaucher.
L'Insee voit ainsi l'investissement chuter de 8,9% en 2009, après un gain de 2,4% en 2008, mais avec une atténuation de la baisse à partir du deuxième trimestre parallèlement à un déstockage moins important des entreprises.
L'ajustement restera surtout douloureux pour le marché du travail, avec 592.000 destructions d'emplois prévues en 2009. Dans les seuls secteurs principalement marchands, ce chiffre atteindra le record de 699.000 pour ramener l'emploi salarié à son niveau de 2000, selon les prévisions de l'Insee.
Le taux de chômage devrait ainsi grimper à 10,1% en France métropolitaine à la fin de l'année, soit son niveau le plus élevé depuis 1999 et une hausse de 2,5 points en un an. En comprenant les départements d'Outre-mer, il se hisserait à 10,5%, là aussi au plus haut depuis 10 ans.
"L'ajustement du marché du travail n'a été que partiel", a insisté Benoît Heitz, chef de la division synthèse conjoncturelle de l'Insee, lors de la conférence de presse.
Au premier trimestre, le taux de chômage était de 8,7% en France métropolitaine, avec 193.000 destructions d'emplois dans les secteurs principalement marchands. L'Insee en attend encore 178.000 au deuxième trimestre, 177.000 au troisième et 152.000 au quatrième, son horizon de prévision s'arrêtant là.
La consommation résiste
Malgré la dégradation du marché du travail, l'Insee s'attend à ce que la consommation des ménages continue de résister cahin-caha, grâce à une hausse de 1,1% du pouvoir d'achat des ménages due à la désinflation et au versement de prestations sociales diverses dans le cadre du plan de relance.
Après une hausse estimée à 0,2% en janvier-mars, la consommation progresserait encore de 0,3% au deuxième trimestre puis de 0,1% sur les deux trimestres suivants pour une progression totale de 0,7% en 2009, après +0,9% en 2008.
Le taux d'inflation, passé sous zéro en mai pour la première fois depuis 1957, resterait négatif tout l'été avant de remonter en fin d'année (+0,6% prévu à fin décembre), reflétant ainsi le prix du baril de pétrole que l'Insee situe à 60 dollars au deuxième semestre.
L'inflation sous-jacente, autrement dit hors éléments volatils comme le pétrole et l'alimentation, resterait pour sa part confortablement au-dessus de zéro avec un niveau de 1,6% en fin d'année. "Il n'est pas pertinent de parler aujourd'hui de déflation," a noté Eric Dubois.
L'atténuation graduelle de la récession à partir du deuxième trimestre devrait se retrouver dans l'environnement international de la France qui, en termes de contraction du PIB, s'en sortira mieux que ses principaux partenaires.
L'Insee attend ainsi des contractions de 6,9% en Allemagne en 2009, de 6,1% en Italie, de 5,2% dans la zone euro, de 3,4% aux Etats-Unis, de 3,8% au Royaume-Uni et de 7,2% au Japon.
En conséquence, la demande mondiale adressée à la France chuterait de 15,5% cette année, et les exportations reculeraient de 13,5% contre une baisse de 10,1% des importations.
L'Insee n'a communiqué aucune prévision sur les finances publiques alors que la dette de la France représentait fin 2008 1.300 milliards d'euros, soit 68% du PIB.