À l'occasion du premier salon Viva Technology de Paris, France 24 a rencontré l'un des principaux investisseurs français dans les start-up pour évoquer le monde de l'innovation en France.
"Voulez-vous essayer une application qui permet de vivre l’expérience de la réalité virtuelle à plusieurs ?". "Les chatbots conversationnels, ça vous intéresse ?". Impossible d’échapper aux "pitchs", ces présentations express de projets, lancés par les entrepreneurs qui participent au salon Viva Technology à Paris (30 juin au 2 juillet) et qui ont les yeux plein de rêves de "licornes" (start-up valorisées à plus d’un milliard de dollars).
Affalés sur les poufs des espaces de “coworking” ou inconfortablement installés sur les chaises hautes de leurs stands de présentation, ces jeunes gens saisissent la moindre occasion de parler de leur produit ou d'attirer l'attention d'un investisseur.
En tout, 5 000 start-ups sont présentes à ce premier événement parisien dédié à l’innovation, organisé par Publicis et Les Echos. Robotiques, réalité virtuelle ou encore big data : toutes les tendances qui agitent la planète tech de Paris à la Silicon Valley sont représentées.
French Tech oblige, une grande partie de ces jeunes pousses sont venues défendre les couleurs du pays. Philippe Collombel, associé de Partech Venture, le plus important fonds de capital risque en Europe, connaît bien le paysage des start-up françaises qu'il suit depuis une quinzaine d'années. Interviewé par France 24, il met en avant le dynamisme actuel du secteur.
France 24 : À quoi ressemble le paysage des start-up en France à l’heure actuelle ?
Philippe Collombel : Au premier trimestre de cette année, la France est devenue le premier pays créateurs de start-up en Europe, devant le Royaume-Uni.
On constate qu'il y a de plus en plus de jeunes qui veulent devenir entrepreneurs à la sortie des études. Dans certaines des plus importantes écoles de commerce, près de 40 % des jeunes diplômés veulent suivre cette voie. Viva Technology reflète bien cette effervescence actuelle.
Est-ce une spécificité française ou est-ce la même chose dans toute l'Europe ?
Ce qui est spécifique en France, c'est l'ampleur du phénomène. Il faut se souvenir qu'il y a 15 ans, les jeunes ne voulaient pas créer leur entreprise dans ce pays.
Ce changement d'état d'esprit a deux causes. D'abord, il existe actuellement une vraie méfiance envers la chose publique qui pousse les jeunes à se tourner vers la sphère privée. Ensuite il y a une volonté de donner davantage de sens à ce qu'on fait, même si c'est plus risqué que de travailler pour un grand groupe.
Comment ces jeunes pousses se financent-elles alors que les investisseurs européens sont connus pour être frileux ?
Il y a certes longtemps eu moins d'argent en Europe qu'aux États-Unis, mais c'est en train de changer. Les investisseurs institutionnels reviennent sur le marché des start-up et, phénomène plutôt nouveau, les grands groupes industriels se montrent désireux d'investir dans ce secteur. Il n'y a guère plus que pour les financements à plus de 150 millions d'euros qu'un déséquilibre avec les États-Unis persiste.
La hausse du nombre de start-up ne rend elle pas votre travail plus compliqué ?
Il est vrai qu'il y a davantage de start-up et qu'il est donc plus difficile de choisir. Mais les entrepreneurs sont devenus plus réalistes avec des modèles économiques plus sérieux. Donc au final, les investisseurs sont plus souvent gagnants. Les meilleurs gagnent de l'argent une fois sur deux contre 30 % il y a cinq ans.