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Habitué des réseaux sociaux, Seddique Mateen, le père de l'auteur de la tuerie d'Orlando, a exprimé sa "tristesse" dans une vidéo mise en ligne lundi sur Facebook. L'homme, fervent nationaliste, s'est autoproclamé président de l'Afghanistan.

Personnalité complexe, le père du tueur d’Orlando, Omar S. Mateen, qui a ouvert le feu dimanche 12 juin dans un club gay d'Orlando en Floride, faisant 48 morts, a publié dans la matinée de lundi une vidéo sur sa page Facebook. Il affirme qu’il ne savait pas que son fils portait "tant de haine en lui". Dans son intervention aux allures d'allocution, Seddique Mateen père se met en scène en costume cravate devant le drapeau afghan. Il explique qu’il ne comprend pas le geste d’Omar S. Mateen "en ce mois sacré de ramadan".

"L’homosexualité… ceux qui font ça… Dieu les jugera. Mais ça n’est pas à nous, serviteurs de Dieu de s’en mêler", estime Seddique Mateen. Réprouvant le geste de son fils, son discours n’en reste pas moins homophobe, d’autant qu’il utilise un terme péjoratif pour désigner les homosexuels en dari. Par ailleurs, l’homme se dit profondément triste. "Je suis très blessé et je l’ai exprimé aux Américains", indique-t-il dans sa vidéo, retirée de sa page depuis.

Au Washington Post, il a affirmé néanmoins lundi après-midi qu’il se rendrait au chevet des victimes d’Orlando, si celles-ci l’acceptent, ajoutant qu’il était "désolé".

Interrogé par NBC News pour réagir au massacre perpétré par son fils, Seddique Mateen avait précisé dimanche qu’Omar Mateen lui avait confié avoir été ulcéré en voyant récemment deux hommes s'embrasser à Miami devant sa femme et son fils.

Le père condamne l’EI quelques heures avant la tuerie

Père et fils étaient en contact régulier, mais Seddique Mateen répète qu’il ne comprend pas, qu’il ne savait pas. L’homme qui a refait sa vie aux États-Unis vit dans une bulle, constamment connecté à son Afghanistan natal. Mégalomane voire un brin loufoque, il s’auto-proclame président par interim d’Afghanistan sur l’une de ses pages Facebook. En Floride,il a reconstitué un semblant de bureau présidentiel, avec un fond jaune et un drapeau afghan en place de choix.

Seddique Mateen est, par ailleurs, un habitué des réseaux sociaux, il poste plusieurs fois par jour, joue les éditorialistes politiques dans des vidéos fleuves. Il intervient également dans une émission, le "Durand Jirga Show" sur la chaîne de télévision afghane Payam-e-Afghan émettant depuis la Californie, sans que l'on sache la nature exacte de ses activités.

Ironie du sort, quelques heures avant la tuerie d’Orlando, le père condamne l’organisation État islamique dans une vidéo. "Daesh n’apporte rien de bon en Afghanistan" et "Daesh est l’ennemi des Afghans", estime-t-il, accusant certains hommes politiques afghans d’en être les émissaires.

Un nationaliste afghan

Parfois catalogué comme pro-Taliban, après la diffusion d’une vidéo dans laquelle il affirme son soutien aux Taliban afghans, la ligne politique de l’éditorialiste n'est pas aussi claire. Il vante tantôt les mérites des Taliban, tantôt il prend la pose en costume rose fushia, ou en treillis devant les photos du roi Amanullah Khan, souverain moderniste d’Afghanistan (1919-1929) et Mohammad Daoud Khan, premier président de la République (1973-1978) proche de la gauche communiste.

Seule constance dans le discours de Seddique Mateen, il reste un fervent nationaliste afghan et entretient une haine du Pakistan voisin. Obsédé par "l’ennemi pakistanais", à la fin de sa dernière vidéo, le père d’Omar Mateen accuse le Pakistan d’être responsable de "la propagation de la tristesse", "de la propagation du terrorisme", dont il fait de son fils une victime de plus.