La pilote militaire Nadia Savtchenko, surnommée la "Jeanne d'Arc ukrainienne", a été libérée par Moscou. Elle avait été accusée par les autorités russes d'avoir fourni à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes de la télévision publique.
Libérée mercredi 25 mai par la Russie, la pilote militaire Nadia Savtchenko doit être accueillie sur le tarmac de l'aéroport à Kiev par sa mère et sa sœur, avant d'être reçue par le président Petro Porochenko pour être décorée.
Condamnée en mars par un tribunal russe à 22 ans de prison pour avoir, selon l'accusation qu'elle rejette, fourni à l'armée ukrainienne la position de deux journalistes de la télévision publique russe tués par un tir de mortier dans l'est séparatiste de l'Ukraine en juin 2014, Nadia Savtchenko ne purgera donc pas sa peine.
Connue pour son esprit frondeur et son insoumission face aux juges russes, elle a été échangée contre deux Russes, accusés d'être des agents des services secrets militaires russes (GRU) et condamnés en Ukraine à de lourdes peines pour avoir combattu aux côtés des rebelles pro-russes.
"Jeanne d'Arc ukrainienne"
Nadia Savtchenko a toujours rejeté les accusations de la justice russe, assurant avoir été capturée par des rebelles pro-russes au moins une heure avant les faits, puis livrée à la Russie.
Son procès controversé lui a apporté une renommée mondiale et le soutien des autorités de Kiev, qui l'ont toujours considéré comme une prisonnière politique, mais aussi des capitales européennes et de Washington ou encore du prix Nobel biélorusse Svetlana Alexievitch, qui l'a qualifiée de "Jeanne d'Arc ukrainienne" et de "symbole du peuple ukrainien".
Bras d'honneur à Moscou
La militaire est devenue célèbre lorsqu'une vidéo de son interrogatoire, mené par des rebelles, a été diffusée sur Internet. Menottée, elle y explique fermement être venue sur le front pour "défendre l'Ukraine et son intégrité territoriale".
Sa popularité en Ukraine a grandi au fur et à mesure de son procès. Elle n'hésitait pas à porter un chemisier brodé de motifs ukrainiens et à défier le pouvoir russe, voire Vladimir Poutine personnellement, en qualifiant notamment la Russie de "pays du tiers-monde avec un régime totalitaire et un despote à sa tête".
Vers la fin de son procès, elle a sauté sur le banc des accusés et adressé un spectaculaire bras d'honneur à ses juges, avant d'entonner l'hymne ukrainien.
Élue symboliquement députée en Ukraine, elle a passé plus de 80 jours en grève de la faim de décembre 2014 à mars 2015. Début mars, elle a arrêté de se nourrir et de s'hydrater pendant sept jours, prévenant Moscou : à vous de choisir si vous voulez me rendre "morte ou vivante".
Avec AFP